Faty

L’hommage de Mondoblogueurs à Ghislaine et Claude

Ghilaine et Claude à Kidal en mai 2013
Ghislaine Dupont et Claude Verlon à Kidal en mai 2013

Ghislaine Dupont et Claude Verlon, journaliste et technicien chevronnés de Radio France Internationale ont été assassinés après leur enlèvement dans la ville de Kidal.

Ce billet est un hommage à ces deux journalistes, morts dans l’exercice de leur fonction. Pour la liberté d’expression.

Faty, Mali

La nouvelle de l’assassinat de Ghislaine Dupont  m’a fait l’effet d’une douche froide en hivers. J’en suis restée paralysée. Hagarde. J’essaye de me rappeler le timbre de la voix de celle qui était parmi mes journalistes préférés à RFI. Je n’y arrive pas. Vite la radio.

Quelque chose m’étreint le cœur. Une douleur. Une rage. La colère. Je n’arrête pas de dire « tchrrrrrr ». Je pense : « Cette grande dame ! Pourquoi la tuer sauvagement comme ça ? »

Je ne sais quand j’ai fermé l’œil, mais c’est en écoutant RFI, comme toujours, comme  beaucoup de Maliens, d’Africains…au réveil, la douleur est encore là. Avec du dépit, de l’amertume, du découragement, de l’impuissance. C’est dommage. C’est injuste. C’est tellement sauvage…

Ghislaine et Claude sont morts pour informer.  Quand la peine est là, on ne peut s’empêcher de retourner la situation dans tous les sens. Pourquoi les avoir tués ? Pourquoi eux, à ce moment ? Tellement de journalistes « Blancs » sont partis dans ce Nord malien plein de danger et sont revenus saufs !

Journaliste. Un métier dangereux.  Même les enfants s’en sont rendu compte.

Boukari Ouedraogo , Burkina Faso, témoigne :

Conversation avec ma nièce de 9 ans le samedi 2 novembre 2013

–          Toi tu es journaliste non ?

–          Non,

–          Hiii, ce n’est pas vrai. Je t’ai vu à Canal 3°

–          Ce n’était pas moi

–          C’est toi ! Maman a dit que tu es journaliste. Toi-même tu m’as dit que tu es journaliste. Et puis la dernière fois Irène a entendu              ta voix à la Radio.

–          Donc tu as raison.

–          Papi a dit qu’on a tué des journalistes. C’est vrai ?

–           …

–          La secrétaire de papa est partie. Je vais lui dire de te prendre.

–          Pourquoi ?

–          Tu n’as pas vu qu’on tue les journalistes non ? Donc tu veux mourir ?

–           …

Michel Théra, Mali, pour avoir connu Ghislaine à Bamako n’a pu rien dire. Ni écrire pour l’instant. Il a encore les larmes aux yeux. Il promet un billet pour parler de cette grande dame qui est devenue son ami. «  C’était une si grand journaliste et une si belle voix »

Aurore  Guérin, France, pense à cette citation d’Albert Londres :

« Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie, en mettant dans la balance son crédit, son honneur et sa vie. »

Gaius Kowene, Congo

« Ils pouvaient même exiger une rançon de n’importe quel montant ! Ils pouvaient même exiger des impossibles ! Je sais que François Hollande ferait tout à son pouvoir pour sauver ces deux journalistes ! »

Sinatou Saka, Bénin

« Des voix hors-pairs, du travail de professionnel, des reportages minutieux et des analyses pointues, voilà ce qu’on entend tous les jours sur Radio France Internationale. Nombreux sont les journalistes qui se battent tous les jours pour couvrir cette actualité africaine de façon rigoureuse au point de faire naître des vocations et d’impliquer les citoyen. Comme un poignard, ces islamistes nous ont arraché ceux qui donnent un sens au métier. Ils se sont attaqués à la liberté d’informer. Ghislaine et Claude ne méritaient pas ça! Mais pour eux, nous ne devons pas baisser les bras, bien au contraire, plus que jamais, il faudra terminer ce qu’ils ont commencé et révéler la vérité. Que leurs âmes reposent en paix! »

Thierno Diallo, Guinée

« Apprendre que des journalistes (que l’on avait l’habitude d’entendre) sont assassinés dans l’exercice de leur fonction constitue un coup de tonnerre pouir toute personne éprise d’informations crédibles et impartiales.  Ghislaine Dupont et Claude Verlon sont morts sur le champ d’honneur. Ils sont tombés pour l’Afrique, nous nous souviendrons d’eux pour leur courage. Je présente mes condoléances les plus attristées aux familles de disparus, à RFI et à tous les professionnels de médias. »

Assaleck Ag TITA, Mali

C’est avec une grande émotion que j’ai appris cette très triste nouvelle. Je vous prie de croire en mon affectueux soutien aux équipes de Rfi, aux familles des disparus en cette douloureuse épreuve. Mes pensées vous accompagnent. Recevez mes plus sincères condoléances.

Nos condoléances à leurs familles, à RFI, à Ziad, Simon, Raphaëlle, Pierrick, Claudy…

Adios, Ghislaine Dupont et Claude Verlon !

 

PS : Canal 3 : télévision privée du Burkina. J’ai été invité pour parler de sport.

 


Ca bouge à Gao

C’est la troisième fois que j’utilise ce titre en faisant cas de la capitale du Mali qui m’avait accueillie pour mon refuge au sud. Ça bouge à Bamako… je me demande combien de fois Baba Mahamat, mondoblogueur – qui bouge autant que moi- centrafricain qui est présentement au Cameroun, mais ayant des attaches au Tchad aussi, m’a répété cette phrase à Dakar, durant la formation de Mondoblog. Rassurez-vous ce n’est pas moi qui fait bouger les choses, je ne suis qu’un témoin d’agitations que je suis avec un calme qui vous étonnerait.

credit photo: mali-web.org
credit photo: mali-web.org

La chance d’être au bon endroit au bon moment ? C’est ce qui m’enivre, dirais-je « ce malienmalin goût pour le danger » qui me fait parfois courir des risques inopinés. Hum… quand on a failli me braquer et me prendre ma moto à 6h du matin à Bamako, je n’en ai pas fait un billet, tellement j’ai eu peur ! Aphtal en sait quelque chose…

Quand je pus enfin m’attabler pour écrire le billet, un calme reposant et un vent frais souffle sur la cité des Askia, Gao. On entend qu’un hélicoptère français voler bas dans la nuit. Cela inquièterait qui n’y est pas habitué, mais nous sommes à Gao. La ville de jeunes ‘’qui ont résisté’’ à des soi-disant « moudjahidines ».

La manifestation la plus violente à laquelle j’ai pu assister. Pourtant j’en ai vu, de manif, dans ma vie. Adolescente, déjà, je marchais pour l’USN (union des scolaires du Niger). Les bastonnades de la police et les remontrances des parents ne m’en ont pas dégouté. Etudiante, j’ai marché pour l’AEEM, enseignante, j’ai marché pour mon syndicat…militante à vie

Les groupes pseudo-islamistes ont pu faire la mesure de la témérité de ces jeunes de Gao. Si ceux de Tombouctou se sont contentés d’obéir aux sages de la ville qui leur demandaient de laisser  «  gens partir comme ils sont venus, sans victimes innocentes », ceux de Gao ont choisi le chemin de la résistance. Tous prêts à mourir pour leur liberté et la liberté de leur ville. Avec une certaine fierté tout songhoï. Quand ils disent « Gao ga kaanu ba naarii si » – Gao est bon à vivre, même quand il n’y a pas à manger- c’est avec conviction.

Ils ont parsemé la ville de drapeau du Mali, applaudit quand le MUJAO a débarrassé la vieille ville des hommes malfaisants du MNLA, d’ailleurs certains combattants du MNLA ont été lynchés à Gao. J’ai été dépassée par l’audace des animateurs de radio de la ville qui continuaient à clamer l’appartenance de la ville au Mali et la suprématie des populations noires(les songhoïs, les peulhs, les bellahs, les bozos) dans la région. c’était suicidaire.

Si les songhoïs de Tombouctou sont pacifiques, ceux de Gao, descendants de Sonni Aliber , un grand guerrier, fondateur de l’empire songhoï, sont aussi belliqueux que les touaregs, sinon plus – ce n’est pas un reproche hein !-

Les longs mois d’occupation de la ville ont permis certainement à ces jeunes qui se sont réunis dans un collectif fort actif, décidé à devenir acteur du développement de leur ville mais surtout prêts à se sacrifier pour leurs idéaux. J’avais bien été découragé de « constater la mort idéologique« qui avait envahi les jeunes à Bamako.

Quand je dis « jeunes » le terme réunit tous ces maliens, de 15 à 40 ans aussi bien élèves, étudiants que travailleurs, noyés par le combat difficile de la capitale Bamako. Il s’agit de ces associations – que je soupçonne couvrir autre chose, franc-maçonnerie –de jeunes, diplômés, tous, en vestes et cravates qui apprennent déjà à diriger le Mali quand leurs parents partiront et qui roulent dans des voitures polluantes et climatisées… surtout focalisés sur leur petite vie de bourgeois.

Je parle de ces jeunes élèves et étudiants, fils de malien lambda, qui cherchent à orienter leurs vies en tirant le diable par sa queue, sans bourses – les bourses sont pour les enfants des riches au Mali- manipulés par  une association, AEEM (Association de Elèves et Etudiants du Mali), qui continue à tremper dans les eaux boueuses des partis politiques.

Ces jeunes de Gao, crient ne vouloir qu’une seule chose…le bonheur de leur ville et ils y travaillent par un militantisme qui me réchauffe le cœur… malheureusement mon message les atteindrait difficilement avec les délestages et « la si belle » connexion internet que nous avons à Gao. Bloguer c’est bien, mais il faudrait qu’internet soit vulgarisé pour que le message passe. Plusieurs mois après mon article intitulé « maliens, indignez-vous » je me suis traitée d’un nom d’oiseau en le relisant et en me demandant combien de maliens ont pu lire ce message. Si vous les conditions de vie à Gao, internet est un luxe qui ne vous passe pas par la tête quand vous savez qu’il y a des barbus en embuscade qui ne pensent qu’à expédier des obus sur vos habitats.

Depuis l’élection d’Ibrahim Boubacar Keita à la présidence du Mali, une certaine priorité est donnée à la réconciliation et à la paix au Mali.  Bien sûr, il affirme « intolérable » la situation de Kidal – l’état et les militaires maliens sont cantonnés à la place des rebelles qui se promènent en terres conquises avec armes et guitares-

intolérable. Pourtant des prisonniers de guerre du MNLA ont été libérés, les mandats d’arrêts internationaux contres eux ont été levés, ils se pavanent enturbannés à Bamako, se « rencontrant dans la capitale pour faire une plateforme commune » à négocier à Ouagadougou. Désormais le discours est filtré – est-ce des consignes ?- On est  malien, on ne chante même plus l’Azawad dans les camps de réfugiés, on ne craint plus les représailles et veut rentrer à la maison. C’est  cette fausseté et la continuation des agissements à la « Mali du temps d’ATT » qui a rendu les jeunes de Gao furieux.

C’est unanime à Gao. Les touaregs du MNLA et leurs amis arabes – qui ont jugé prometteur de créer le MIA pour camoufler Anesardine (mouvement islamique de l’Azawad) ont détruit, pillé et violé dans la mesure de leur possibilité à Gao et ce sont eux qui jouissent des égards du gouvernement.

credit photo: maliweb.net
credit photo: maliweb.net

La grogne contre le maire de Gao a été la première chose que j’ai perçue à mon arrivée. Je le tweetais ce matin, mais on croirait que ce monsieur si élégant, n’a pas été élu par suffrage universel. Personne ne l’aime. Pourtant il a fait un grand coup médiatique lors de la reprise de ville par SELVAL. L’adage dit bien sûr que « nul n’est prophète chez lui » mais un maire aussi impopulaire, je n’en avais pas encore rencontré ! La population l’accuse de s’être enrichi sur son dos durant la crise.

La marche –trêve de digressions, car c’est le thème du billet –  réunissait plus d’un millier de jeunes déchainés contre « les agissements de Bamako », contre le maire Sadou H. Diallo, sans oublier le MNLA et autres HCA. Ils sont descendus dans les grandes artères de la ville tôt le matin.

La touche spéciale de cette marche ? Sa violence. Tous les marcheurs semblent si fâchés ! C’est ahurissant.

Ils dénoncent la composition de la délégation locale qui devrait la représenter aux assises du nord à Bamako. Mais je vous assure qu’il y a de quoi devenir rose de colère –malgré le noir prononcé de la peau des songhoïs- ces jeunes n’ont pu comprendre que les dirigeants de leur collectif ne soit pas sur la liste des invités aux assises. Ni les élus des différentes communes, les associations féminines, les associations de défense des droits de l’homme qui ont tous tellement fait pour les habitants de la ville durant la crise. Leur colère a été découplé quand ils ont appris qu’à Kidal, l’avion ouvrait ses portes à toute personne désirante d’assister aux assises. Pas de listes. Alors qu’une liste parallèle a été fournie dans le cas de Gao «  par le maire » selon les marcheurs.

Le gouvernorat de la ville, qui a été dernièrement rénové a connu une véritable pluie de projectiles. Pourtant les représentants des communes qui n’ont pu partir pour Bamako s’y trouvaient.  Les gardes républicains qui ont vu les manifestants avancer armés de bâtons et autres armes blanches n’ont pas essayé de les arrêter, au contraire, c’est en parlant avec eux qu’ils ont pu les convaincre d’arrêter de caillasser le bâtiment gouvernemental et de ne plus abreuver les pneus –censés protéger les bâtiments d’attentat suicide- d’essence et de les bruler.

Revenus à de meilleurs sentiments, grâce aux promesses d’une solution urgente au problème, les manifestants repartaient quand une brigade de la gendarmerie pointa.

Aux cris « on n’a pas peur des gendarmes » les manifestants firent marche arrière pour revenir vers le gouvernorat et se diriger cette fois-ci vers le Tizi – hôtel ? Bar ? Restaurant ? Tout cela à la fois!- appartenant au maire. Là, encore, le feu a servi. La voiture –luxueuse-du maire est partie en fumée. Encore une fois – une première fois c’était en avril 2012 avec l’entrée du MNLA à Gao- les même pilleurs ont fait leur sale besogne.

La gendarmerie a pu les disperser en usant de gaz lacrymogène. La prière d’Asr-16h- ne trouva personne sur les lieux. Les  pneus ont fini leurs combustions.

J’ai scrupuleusement suivi le journal télévisé de l’ORTM (office de radio diffusé et télévision du Mali) pour avoir confirmation de l’acceptation d’une nouvelle délégation de Gao.  Pas un mot sur la manifestation. C’est à en croire que nous ne sommes pas sur la même planète.

Un journal long, animé par une journaliste sérieusement maquillée articulant bien qui semble être convaincu –elle et tout le staff de la rédaction- que l’actualité se résume aux activités du président de la république et des membres du gouvernement.  On a eu des avis de tout genre sur et pendant ces assises : président – qui peut tout négocier sauf l’autonomie ou l’indépendance-, chef de la Minusma, maire – d’ailleurs, j’ai pu entrapercevoir le maire de Gao, toujours aussi élégant-, cinéaste, réfugié…

Un mandat d’arrêt contre l’ami de David Kpelly bombardé général ? Rumeur…

Israël se permet de canarder les troupes d’Assad ? Pas important…

Gérard De Villiers est décédé ? Les maliens ne sont pas de grand lecteurs, une disparition de Son Altesse Sérénissime Malco ne émouvra certainement pas…

Marine Lepen –Zut je ne voulais pas voir ce nom-là, aussi, sur mon blog- crée la polémique en se fustigeant contre la tenue des otages ?

Ils ne sont plus au Mali, cela ne nous regarde plus…

Si l’actualité internationale vous intéresse vous avez intérêt à chercher l’abonnement pour d’autres chaines de télévisions – pas la chaine 2 hein !-

Oh, Mali, nous voulons que cela change !!!


Konna, une ville tristement célèbre du Mali

crédit photo: Faty
Crédit photo : Faty

A la mi-janvier 2013, la ville de Konna faisait la Une des journaux internationaux par l’intervention de l’armée française pour arrêter l’avancée des troupes des fous de Dieu -qui obéissent plutôt à Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique)- ; avec une armée malienne en déconfiture totale et un pouvoir vacillant entre Koulouba et Kati au sud pays.

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Crédit photo : Faty

Les premiers bombardements de l’aviation française ont d’abord été concentrés sur cette petite bourgade qui s’étend le long de la RN16 –RN : route nationale ? Hum… c’est une route que la nation semble avoir oubliée -, les  bâtiments publics de la ville en gardent les stigmates. Konna est une commune de la région de Mopti. Elle « était la frontière du Mali avec le providentiel Azawad » -dixit un militaire malien- pendant l’occupation du Nord. Un point au centre du Mali si vous jetez un coup d’œil à la carte.

 Credit photo: Faty
Crédit photo :  Faty

D’ailleurs, l’occasion est trop belle pour rendre un hommage au premier soldat français Daniel Boiteux qui perdit la vie pour nous, mais aussi à tous les autres Maliens ou pas, morts dans ce conflit qui est des plus complexes –même  si je me tue à vous expliquer le rôle du versatile MNLA qui a détruit les faibles infrastructures dont disposaient les régions du Nord. On en perdrait le nord.

Le Mali l’a fait…ha. Ha. Rire jaune. Car c’est loin d’être drôle quand on pense, ne serait-ce qu’aux pertes matérielles, aux vies humaines qui ont été perdues, aux milliers de personnes qui se sont retrouvées réfugiées dans des pays étrangers si ce n’est au Sud, à ceux qui ont décidé de rester sur place et ont souffert le martyre, ballotés entre les humeurs des djihadistes qui peuvent aider une femme enceinte à rejoindre un centre de santé et couper la main d’un jeune homme pour vol, le même jour.

crédit photo: Faty
Crédit photo : Faty

Le 11 octobre dernier, la pinasse dénommée « Ségou » chavire dans les eaux du fleuve Niger dans les environs de… Konna. Oui encore Konna. La pinasse était en route pour Tombouctou comme moi. Je suis arrivée à Mopti vers les coups de 18 h. Mais souffrant d’une maladie que je n’hésite pas à appeler de l’hydrophobie car quand l’eau dépasse celle d’une bassine, je n’y entre pas. Je me rappelle encore de la première fois que j’ai vu l’océan au Bénin. La fascination ne m’a pas poussée à y tremper les pieds.

Naturellement, et comme d’habitude, je me suis contentée de chercher une place à bord des vieilles dépouilles, essoufflées, de 4X4 qui nous amènent à Tombouctou.  C’est là-bas que j’appris la tragédie de Konna.

Deux femmes, mère et fille, rescapées, cherchaient aussi une voiture pour Tombouctou.

Elles sont toutes deux minces. Leur seule ressemblance ? Peut-être leur minceur. Quarantaine et vingtaine dépassées. Entendant –sans les espionner hein !- leurs conversations avec plusieurs membres de leur famille, je compris que ces femmes ont échappé à la mort. Elles sont tellement agitées.

« – Oui, nous sommes toutes deux saines et sauves, mais nous ne sommes pas sorties ensemble. Rose, ma fille, a été sauvée par un salon- comprenez canapé- qui flottait, moi je ne sais même pas comment je me suis maintenue sur l’eau. Je n’ai jamais su nager.

– C’est Dieu qui nous a aidées  » dit la mère  les yeux embués de larmes.

Ma belle-sœur –encore une, mais je dois vous dire que j’ai trois frères qui sont mariés- mon hôte du moment, m’apprit que nous avons pour voisin, justement le propriétaire de la pinasse qui a bu  la tasse.

Alors que la presse annonçait une vingtaine de victimes, elle m’informa que le bilan était aussi loin de la réalité que l’est « le poisson séché de l’eau ».

Les gérants de la pinasse annoncent avoir inscrit 400  personnes. On annonce que 200 personnes environ ont été sauvées et seulement une vingtaine de corps retrouvés. Où se trouvent les personnes manquantes ?

J’eus le sang glacé. Je connais ces pinasses. Leurs réalités. J’ai eu à les emprunter une seule fois. J’étais en classe terminale et voyageais avec ma sœur pendant les vacances scolaires. Nous quittions Mopti pour Diré (ville de la région de Tombouctou) où l’homme de Markala- l’aîné de mes grand-frères que nous (mes sœurs et moi) avions surnommé ainsi parce qu’il a passé une semaine a annoncer un providentiel voyage pour Markala (ville de la région de Ségou au Mali) qui n’a jamais eu lieu- nous attendais.

Les pinasses  du Mali n’ont plus rien avoir avec les premiers navires qui portaient ce nom vers le XIIe et le XVIIIe siècle. Ce sont de grandes pirogues  de construction traditionnelle, dotées de moteurs pour les propulser. Elles sont d’une rapidité moyenne et à la différence des bateaux de la Comanav (compagnie malienne de navigation)  lents et vieux, car datant des indépendances. Ils ne jettent l’encre que dans les villes principales alors que les pinasses ont l’avantage de faire les marchés des petits villages aux abords du fleuve Niger avec un prix beaucoup plus bas que les bateaux. En plus, ces pinasses ne connaissent pas d’arrêt en décrue comme c’est le cas pour les bateaux.

Les pinasses ont aussi l’avantage, fort douteux, de permettre aux passagers d’emporter un poids hallucinant de bagages à moindres frais. Les chargeurs et convoyeurs  les remplissent de sacs de sucre, mil, riz, sorgho, fonio, haricots, jusqu’à avoir les eaux du fleuve au ras du bord. Les passagers montent  et s’asseyent sur cette cargaison. Le transport est gratuit pour les enfants.

Il y avait tellement d’enfants à bord de cette pinasse dénommée Ségou qui a chaviré à Konna. Des enfants et leurs parents qui cherchaient à rejoindre le Nord libéré. J’ai appris l’histoire de certaines victimes… toutes font couler des larmes.

Il y a celle de cette jeune femme, accompagnée de son mari qui a accouché dans le car qui la ramenait de Bamako. Elle voulait accoucher chez elle comme l’exige la coutume songhaï. Ni elle, ni son bébé venu n’ont échappé. Je n’ai pas eu de nouvelle du mari.

Il y a l’histoire de cette enseignante de Diré qui en train de rejoindre son poste en vue de la rentrée scolaire fixée pour le 21 octobre. Elle était accompagnée de sa filleule . Les deux y sont restées. Celui qui me raconta son histoire me dit que l’enfant était fille unique. Les parents sont à Bamako.

Ou encore celle d’un homme qui y perdit toute sa famille de 8 personnes,femme et enfants.

Heureusement, les bozos –pêcheurs- qui habitent aux rives ont rapidement porté secours et beaucoup de personnes ont pu être sauvées. Celles qui ne se sont pas retrouvées sous la coque de la grande barque surchargée.

J’imagine déjà les questions d’autres, qui n’ont jamais vu ces pinasses maliennes. Mais comment est-ce arrivé ? Pourquoi ? Quand je pense que Edwige Molou dit avoir apprécié sa pinasse’perience.

Il vous suffira de voir la façon dont ces pirogues sont surchargées. C’est à en croire que la brigade fluviale a été créée au Mali juste pour permettre aux agents qui y travaillent de contempler le fleuve après avoir perçu plus que menue monnaie avec les piroguiers quand ils n’enquiquinent pas de pauvres pêcheurs.

En plus, comme des Sotramas – bus verts de Bamako- les pinasses aussi font la course sur le fleuve, se poursuivant en une folle chevauchée sur les eaux. Se rapprochant  dangereusement et ne pensant qu’à être le premier à aborder les côtes de Diré, à avoir les passagers, les commandes des transporteurs.

La surcharge n’existe pas au Mali en réalité. Le nombre de personnes que le véhicule peut transporter dépend du  chauffeur. Il peut en prendre autant qu’il veut. Ce ne sont pas les policiers et autres gendarmes, chargés de faire respecter la loi qui l’y obligeront. Il suffit juste de leur glisser un billet.

Surchargé était le 4X4 qui nous conduisait à Tombouctou. Cela n’a pas posé de problème à la police du poste de sortie de Sévaré. Elle y arriva vers 18 heures en compagnie de deux autres, toutes en route pour Tombouctou. Toutes surchargées. Devant, à côté du chauffeur, il y a deux passagers au lieu d’un. Derrière -où je suis- 4 personnes au lieu de 3. Au poulailler-ce qui devrait être le coffre- deux bancs portent 6 personnes. Le policier n’a demandé les pièces d’identité qu’aux gens du poulailler.

Ce sont les militaires qui devaient seulement fouiller nos bagages qui nous firent chier- excusez du mot- car n’ayant aucune volonté de faire leur travail, le monsieur dont j’ignore le grade –je suis nulle en cette matière, je ne reconnais que le grade de général devenu si facile à avoir, d’ailleurs, je suis aussi tentée de chercher ce grade que la  « seule et simple nationalité malienne peut donner » !-

Le militaire que je commence à connaître pour avoir fait plusieurs fois le trajet Bamako-Gao, nous joua la scène de l’officier tatillon qui fouillera les bagages un par un.

La maman rescapée  se fâcha, en français.

J’ai compris après, qu’elle était infirmière et rejoignait son mari qui était administrateur à Diré. Avec sa fille. Elles ont décidé de continuer leur route. Sans bagages. Elle semble en proie à une indignation explosive. En colère contre tout le système qui a permis un tel drame.

-Il ne faut rien lui donner de plus. Ce sont des gens comme ça qui maintiendront le Mali en retard.  De quel changement peut-on parler quand des militaires viennent dépouiller les gens dès leurs maigres sous alors qu’ils ont leurs salaires ? Il ne faut rien leur donner. Qu’on y passe la nuit. Qu’ils fouillent tout.

Mais comme c’est le Mali, et qu’au Mali tout se négocie. Un homme, d’une cinquantaine d’années, qui est dans un autre 4X4 qui fait un convoi commun avec le nôtre pour Tombouctou, vint nous demander de donner 100 F Cfa chacun pour qu’on le donne au militaire qui entre-temps racontait sa vie :

«  Non ! Je vais vous fouiller et peut-être que vous allez partir vers minuit. Je m’en fous de l’argent. Tout de suite, un colonel est passé dans une voiture personnelle. Il m’a donné 1000 F Cfa, mais je l’ai fouillé ! »

J’ai explosé. Quelle malhonnête et quel menteur !

«  Il ment, dis-je à Rose –la jeune rescapée- c’est comme Tom et Jerry.  Juste une scène qui se joue inlassablement. Le chat poursuit éternellement la souris. Il fait tout ça parce que les 1000 F sont peu à ses yeux.  Quand on augmentera nos 100 F, il changera de discours. C’est minable. Le Mali n’a pas de solution. »

Sa maman me répondit : «  S’il y a une solution, c’est de respecter la norme, de ne rien leur donner. »

Un jeune homme, du voyage, intervint, aussi, à la malienne : «  Mais c’est nous tous que ça arrange qu’il ne fouille pas nos bagages. S’il le fait, nous allons perdre du temps ici. »

J’ai eu un sourire amer. C’est ça le Mali. C’est ça les Maliens. Des gens qui cherchent toujours des situations qui les arrangent. C’est plus simple de continuer rapidement un voyage au bord d’une vieille voiture chargée jusqu’au ciel.

« Madame vous voyez ? On respectera les normes partout dans l’univers sauf au Mali, si cela n’arrange pas la majorité des Maliens en tout cas. La corruption est dans notre sang maintenant ! La solution ? Ce n’est pas de chercher à exterminer une ethnie pour en laisser une autre, mais on devrait faire partir tous les Maliens et amener de nouveau, des gens qui ne donneront pas des bonnes notes à leurs « nièces »

Malgré tout ce discours, je donnai une piécette de 200 F Cfa, pour moi et une vieille qui marchait difficilement.

Rose préféra donner son billet de 100 F  à deux talibés.

La suite du voyage a été mouvementée, je vous donne donc rendez-vous dans un autre billet.

Bien le bonsoir les amis.


Blog Action Day, bloguer pour les droits de l’homme

blogactionday2013

« The blog action day » est un évènement qui se veut planétaire. Plus de 1000 blogueurs du monde mettent leur talent en commun pour parler d’un thème le 16 octobre de chaque année.

Le thème de cette année est «les droits de l’homme » . Un thème d’actualité eut égard aux conflits qui ont éclaté un peu partout sur la planète, notamment au Mali -charité bien ordonnée commence par soi-même non ?-, Syrie, RDC, Centrafrique… 

Le préambule de la déclaration universelle des droits de l’homme stipule que c’est « la méconnaissance et le mépris des droits de l’homme qui ont conduit à des actes de barbarie qui révoltent la conscience de l’humanité et que l’avènement d’un monde où les êtres humains seront libres de parler et de croire, libérés de la terreur et de la misère, a été proclamé comme la plus haute aspiration de l’homme ».

Ainsi, les droits de l’homme encadrent un vaste domaine et couvrent tous les domaines d’action de l’homme.

Suis-je libre quand je ne peux même pas lever la tête pour regarder les autres seulement à cause de mon genre ?

Quand je ne peux rien dire ?

Quand je devrais faire attention à ce qu’un homme n’entende pas ma voix parce que je suis une femme ?

Quand je ne peux plus partir à l’école et m’instruire  ou donner l’instruction à des enfants ? Quand je suis obligée d’emprunter une ruelle pour échapper à l’oppresseur qui déambule arme en main et m’en menace à tout bout de champ, que dis-je quand je ne n’ai même pas le droit de sortir dans la rue ?

Au mois d’avril de l’an 2012, les femmes (dont moi) de Tombouctou ont pu faire la mesure du préambule de la déclaration universelle des droits de l’homme.

Pour une ressortissante de la ville, il serait aisé d’avoir des témoignages, mais je suis un témoin. Déjà. J’étais là quand ils sont entrés dans la ville. Avec armes et tambours.

Comme toutes les autres femmes j’ai porté le voile intégral pour échapper à leur fouet en peau de chamelle.

Les femmes se sont retrouvées otages de groupes armés prêcheurs d’un islam fondamentaliste. Les habitants sont devenus du jour au lendemain les cobayes. Il leur fallait  tester leurs théories moyenâgeuses et complètement décalées de la réalité qui n’ont rien à voir avec l’islam pratiqué au pays.

Les hommes ont été avertis, dans les mosquées: « dites à vos femmes de s’habiller correctement, qu’elles évitent de parler aux hommes qui ne sont ni leurs frères ni leurs maris en public, et qu’elles ne sortent pas la nuit. »

Qui pour leur parler des femmes ? D’égalité des sexes ? De parité? De  l’importance de l’éducation alors qu’ils ont investi les écoles et détruit tout document se rapportant à l’école des blancs sont des Kafr (mécréants non musulmans) ?

Personne. Pas une voix. Pas une tête. Pas une association. Le Mali au loin se débattait entre les mains des hommes de Kati et la CEDEAO (communauté économique des états de l’Afrique de l’ouest). On avait l’impression que Tombouctou était redevenu ce village lointain qui attira René Caillé jadis.

Chacun cherchait à sauver sa peau. J’en ai un peu plaisanté lorsque les pseudo-islamistes ont enfin décidé de s’en prendre aux hommes en recommandant un pantalon au ras du mollet. Mais mon humour était juste une dénonciation de ce non-respect des droits de l’homme. Les hommes n’ont pas secouru les femmes, c’est vrai mais il fallait sauver d’abord les vies, quitte à laisser les petites filles à la maison, à leur faire porter le voile intégrale à 4 ans, à donner des jeunes filles précocement en mariage à des inconnus contre des sommes mirobolantes – de la fausse monnaie en réalité-

Bloguer me permettait de lutter pour les droits de l’homme. Vous pouvez en faire le constat en le parcourant mon blog qui était un peu rustique avant la touche artistique de Simon à Dakar.

Bloguer permettait de dénoncer les abus faits aux femmes dans la cité des 333 saints.

Ces prétendus salafistes étaient ainsi la cible principale de mes railleries.

Peut-être que mon plaisir aurait été plus grand s’ils me lisaient?

Mais je me demande si je serais encore en vie si ces barbus qui campaient à moins de 50m de chez moi me repérait, ne m’auraient pas emprisonnée ? Comme cette vieille femme touareg, noire, enfermée dans la petite cabine réservée au distributeur automatique d’une ancienne banque d’état qu’ils ont transformé en police ? Pourtant elle n’est point nue.

Son délit ? Ne pas porter le voile de leur femme.

Oui le voile de leur femme. Les femmes touaregs et arabes. Leurs voiles légères aux couleurs bariolées qui sont bien loin de celles standards de l’islam qui devraient permettre à la femme d’échapper aux regards et aux désirs des hommes.

Ce port forcé de ce type de voile dévoile le coté raciste de ce conflit.

Je ne sais plus où j’ai mis le petit tract sur « ce fameux voile intégral » qu’ils m’ont remis en me félicitant pour la qualité de mon habillement qui répondait aux règles de l’islam. Mais heureusement que dans le but d’un article que je n’ai pu finir je l’avais recopié mot pour mot, sans y changer un virgule ni corriger une quelconque faute :

0 Prophète  des épouses, A tes filles, et aux femmes  des croyants de ramener sur elles et leurs grands voiles : elles seront plus reconnues et éviteront être offensées. Allah est pardonneur et miséricordieux. Coran 33 :59

La voile intégrale

  1. Elle doit couvrir  tout le corps
  2. Ne doit pas être transparent
  3. Elle doit être large pour ne pas montrer le corps de la femme
  4. Elle ne doit pas être colorée
  5. Ne doit pas être pour la modernité
  6. Elle ne ressemble pas à l’habillement des hommes
  7. Ne ressemble pas à l’habillement des femmes juives
  8. Ne doit pas être parfumée.

L’intervention de la France a peut-être mis fin aux séances de bastonnade et de coupe de membres pour vol si ce n’est d’exécution, mais le combat reste entier. Les stigmates sont là. Il y a eu une fracture sociale au nom du droit à l’autodétermination d’une minorité qui a su se munir de bons porte-parole en Europe.  Cela va des membres du MNLA qui font la ronde des studios de télévision aux chanteurs qui évoque une nostalgie et une mélancolie de la liberté de leur désert perdu dans un pays qu’ils rejettent.

Le proverbe songhoï dit «  quand le coiffeur se transforme en barbier, l’affaire est en mauvaise voie pour qui veut une tresse »…

Maintenant l’occupation est finie,  pourquoi ne pas trouver les raisons pour nous indigner comme nous le conseille si bien le doyen Stéphane Hessel ?

Bloguer est formidable et tellement utile!

 

 

 


Gao, la cité des Askias se reconstruit après le règne du MUJAO

La ville de Gao a connu bien de déboires d’avril 2012 à un passé ressent.

prefecture de GaoC’est la ville du nord qui a le plus souffert de l’occupation des groupes armées. Il ne serait pas honnête de ne pas parler aussi de la conduite peu glorieuse de certains habitants de la ville qui emporté par un élan anarchiste se sont laissés aller au pillage des bâtiments de l’état mais aussi ceux des particuliers sans aucune raison. Le MNLA clame l’Azawad, un état qui n’aura pas besoin d’infrastructures, détruit  écoles et mairies, pille banques et services du Mali.  Leurs citoyens profiteront certainement d’une manne. Mais malheureusement nombreux sont les voleurs et autres bandits de grands chemins qui ont pu accompagner le mouvement et créer un état d’anarchie total jusqu’à l’arrivée des barbus qui ont instauré une forme d’ordre.  «  La charia » disent-ils.

Si, les populations du nord ont pu se sentir abandonné après le sprint vers le sud, quel est le ressentiment de ces familles devenues des cibles sans raison ? Toutes les personnes qui se sont fait dépouiller de leurs engins, frigos, téléviseurs, meubles, peuvent-ils trouver l’envie de revenir sur des lieux où ceux que vous connaissez, ceux que vous soignez, enseignez, servez tous les jours, vous ont agressé de cette manière si ignoble ?

credit photo: Faty
credit photo: Faty

Il y a un mois, je me rendais à l’hôpital pour rendre visite à une jeune sœur pédiatre, bamakoise venue pour une mission d’un mois à Gao. Encore une fois bilan plein de scepticisme.  Comme à Bamako, les enfants souffrent aussi de paludisme surtout.  Une vieille du quartier me demandait si ce n’était pas «  ce nombre excessif d’armes qui les entourent qui  faisait cette épidémie ».  Non, juste trop d’insalubrité.  Aucun service de l’état n’est effectif. Quand la mairie a essayé ne serait-ce que de rétablir la taxe quotidienne de 100 F CFA des marchés, les commerçants ont grogné. Ils ont mêmes grevé une journée, refusant d’ouvrir leurs étales malgré une diminution de 25 FCFA.

Bien sur la marche vers le retour est déjà amorcée. je rencontrais  un médecin de l’hôpital qui garda le sourire aux lèvres malgré mon entrée fort provocatrice :

–          Docteur,  vous  faites  partie des adeptes du repli tactique ou des combattants de la charia ?

–          Non, je fais partie de ceux qui sont rentrés sur ordre des chefs.

–          Haha !!! ok je t’avoue que moi-aussi, docteur.

–          Avez-vous profité d’un soutien de l’état pour votre retour ?

–          Non, c’est l’OMS qui nous a  soutenu sur le plan financier, sinon, l’état n’a rien fait. On nous a bien parlé d’un soutien au retour de 250.000 F CFA (à peu près 380 euro). Certains agents d’autres secteurs l’ont reçu mais pas nous.

–          Je suis enseignante et je peux  vous assurer que nous sommes ensemble dans cette galère. Les enseignants aussi  n’ont pas reçu une peccadille.

–          Oui bon comme ils sont un peu nombreux.

–          Je vois que vous n’en avez plus besoin.

A l’hôpital de Gao, il y a notamment le problème de la gestion qui se pose.

En effet,  pendant le règne de MUJAO,  un personnel médical  d’urgence a été mis sur place. Ce dernier refuse de faire la place aux agents de l’état qui ont replié avec les militaires sur ordre des autorités.

Après l’attaque à la rocket que  la ville a connu, il y a trois jours, je crois que le flux des agents en retour va se calmer, déjà que certains sont prêts à tout pour ne plus revenir.