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ANSARDINE s’en prend aux chiens de Tombouctou: où sont les amis des animaux? (déjà que la tabaski est proche)

ANSARDINE à TombouctouLes journaux, les radios, les sites internet relayent à coup de titres tapageurs les sévices que les occupants des trois régions du nord font subir aux populations (moi y compris !) , sur les mausolées profanés, et (héhé !) pourtant il y a du drôle à raconter.

Je ne parlerais que du cas de Tombouctou car ayant assisté aux premiers jours de l’occupation (d’autres diront que j’ai fuit, cela n’engage que moi) par le MNLA (haine est là me plait-je à dire) et ANSARDINE (âne-sardine drôle d’animal nourri à la charia). Est-ce parce qu’ils n’avaient pas de stratégie mûrement réfléchie avant leur raid militaire qu’ils étaient bizarres (je me répète mais c’est nécessaire) ?

Ils ont déjà interdit la cigarette, ils ont  cherché tous les bars et autres maquis pour en détruire les cargaisons d’alcool,  faisant sauter les bouteilles par des tirs dans le tas…  Là j’ai recueilli l’histoire d’un tenancier de bar du quartier Abaradjou  D… qui, quand il vit les moudjahidines s’arrêter devant son bar-restaurant, se vit pousser des ailes et sautant par-dessus un mur pour se retrouver dans la cour de sa belle-mère, oubliant complètement qu’il était torse nu et exhibant son gros ventre. Sa voisine qui me relata les faits se roulait en boule de rire surtout lorsqu’elle imitait le monsieur usant de gestes (la main devant la bouche) pour dire aux habitants de la maison de se taire. Deux jours après il était à Bamako. Son retour dépend certainement du départ de ces Djihadistes !

Quand ils se sont bien installés, après les pillages des services de l’Etat, l’enlèvement de toutes les voitures de l’Etat (vers quelle destination ?), ils ont quitté le camp (pour des raisons qu’ils n’avouent pas) parce que trouvant très louche (la main du saint Mahamane Tambatamba les auraient effrayés!) la mort naturelle de plusieurs combattants, mitraillés le monument d’Alfarouk (en représailles ?!!) ANSARDINE s’est installé et a chassé les rats du MNLA (qui arnaquaient la population noire surtout car avoir la peau blanche est une bénédiction sans tomber dans du racisme primaire je l’espère, c’est triste mais ce n’est que la vérité !). Tous les déplacés du nord au sud vous dirons que les rebelles ne fouillent que les autres (eux sonrai, peulh, bozos), les insultant et se fiant à leur flair pour détecter les militaires qu’ils appellent bambara (oui, alors qu’il y a un tas d’intégrés touaregs (ça y ait le mot est prononcé) qui sont même de pères Bambaras et militaires. Ils n’hésitent pas à faire descendre même les personnes âgées des camions tout en sachant que tout mouvement leur est difficile.

Cela me rappelle l’histoire de cette vieille dame de l’ethnie sonrai (majoritaire à Tombouctou et d’ailleurs au nord du Mali entier) qui me fit beaucoup rire en me racontant son périple (que je vous traduis du sonrai).

–          A Léré, ces maudits nous ont trouvé en train de manger dans une sorte de restaurant

–          Comment ça ? ce n’est pas un vrai ?

–          La femme a préparé le riz au gras le plus rapide de toute ma vie de cuisinière : elle a allumé le feu, elle a mis beaucoup d’eau, elle a mis du sel, un morceau de viande. Ça a bouillant un instant et elle a lavé du riz qui doit dater de l’année où je suis allé au Niger et  pas plus de  vingt minute et ils servaient les passagers  !

–          Vraiment tu as raison, dis-je, et les rebelles ?

–          Ils sont passés devant notre voiture deux fois sans rien nous dire

–          Ils sont ensuite revenus pour entrer dans la seule boutique  en face de nous. Il y avait un d’entre eux qui me regardait chiquer mon tabac un instant. Un gringalet-là

–          Ahan

–          Il s’est dirigé vers moi et m’a tendu un billet de 5000 F CFA

–          Tu l’as pris

–        oui mais je l’ai donné à mes petites-filles qui n’ont pas arrêté de dire que c’était un ancien amant, il pourrait être mon petit-fils même en réalité !

–          Peut-être que tu lui rappelle sa mère en chiquant le tabac !

–          Ces chiens ont-ils des mères pour nous faire ça ? je ne crois pas!

–          Alors qu’ils ont dépouillé d’autres de leur argent, ma tante tu as de la chance

–          Mais il y avait un imbécile qui ressemble à un amaldème (ce terme veut dire retardé mental au Mali) qui voulait me faire descendre de force quand  on était au bac de koriomé.

–          Il m’a dit « hey je n’ai pas dit à toutes les personnes de descendre ? (personne se dit boro en sonrai) » je lui ai répondu que je ne suis pas une personne mais un bargon (qui veut dire barrique en français), les gens ont tellement rit.

–          Tu es descendue?

–         Bien sûr que non il n’avait qu’à monter me faire descendre, Que Dieu les maudisse tous! rajoute-t-elle.

Et malgré toute la douleur qu’ils ressentent, les ressortissants de Tombouctou ne peuvent s’empêcher de rire quand ils se racontent ces anecdotes (teintés de mensonges selon le talent des narrateurs  pour se donner de l’importance peut être).

Ce qui nous a fait rire aujourd’hui  en famille ? Les rebelles s’en prennent aux chiens qu’ils repèrent à leurs aboiements et qu’ils canardent (pour s’entrainer en attendant les combats contre les troupes de la CEDEAO ? je me demande bien !). En tout cas ils affirment que c’est parce que le chien est un animal que l’islam n’apprécie pas il empêche aux bons esprits de rentrer dans la ville, soutiennent-ils !

–          mais ce sont eux les mauvais esprits qui empêchent aux bons de rester chez eux depuis qu’ils sont là. Que Dieu les maudisse ! ( encore une fois) en tout cas nous ne  leur pardonnerons jamais de nous avoir dispersés de cette manière !

 


Tout le monde ne peut pas conduire à Bamako, le savez-vous ?

Vous venez d’arriver à Bamako ? Il y a certaines choses qui vous étonnerons…à commencer par la circulation

Tout le monde est pressé dans cette ville. Tu pourrais poser la question où vas-tu « i bé ta mi ? » (En bamanankan) à quelques motocyclistes, la réponse  sera « tché né pressélindon, né bi ta tchila » traduction «  je suis pressé j’ai une commission à faire » et il s’empressera de partir à vive allure sans demander son reste et sans casque ! Mais si vous  le suiviez; vous allez le voir s’arrêter brusquement dans un endroit où plusieurs jeunes sont assis à faire passer le temps en buvant du thé vert toute la journée qu’on appelle  au Mali « le  grin ».

Autre constat dans la circulation à Bamako ? au croisement de deux routes ou aux ronds-points il y a des feuilles d’arbres et des décoctions qui ont déjà été bouillis ainsi que par des coquilles d’œuf écrasé , si vous avez de la chance vous pouvez  même y voir un canari rempli de toutes sortes de victuailles pour « les esprits » en guise d’offrandes.  Quand on dit que le Mali est un pays musulman à plus de 92,5(selon les statistiques de muslimspopulations) ; allez chercher où se situe le pourcentage de ces gens qui préfèrent écraser des œufs sur la chaussée au lieu d’en faire une bonne omelette. Ici presque tout le monde croit en « ces choses mystiques ».  Aujourd’hui j’essayais de convaincre mes  élèves qu’il n’était pas possible d’être enceinte pendant des années, ce que la tradition montrait comme une mystification  ou un sort jeté  par une coépouse malveillante n’était au fait que le fruit d’une maladie, certainement un fibrome ou un kyste. Rien n’y a été fait ! Au contraire ils me regardent comme si j’étais un drôle d’animal dont l’esprit a été corrompu par l’éducation des blancs « madame kono bi sé ka guingué « madame on peut ‘’clouer’’ le ventre ! » me répondent-ils.  «  Si vous ne me donnez pas cette réponse, c’est que vous n’êtes pas maliens ! »  Leurs répondis-je. Le malien est foncièrement traditionaliste, je sais de quoi je parle j’en suis une !

 Le plus bizarre des remarques dans la circulation de la capitale malienne ? Quand vous êtes derrière quelqu’un, prêtez attention à son bras au lieu de regarder les feux de son véhicule. Quand un motocycliste vire, c’est son bras gauche qui l’indique, c’est une voiture qui vire à droite ? C’est le bras du passager, pire c’est une SOTRAMA ? C’est le bras de l’apprenti qui l’indique. Celui qui n’y prête pas attention à toutes les chances de se faire serrer et de faire un bon plongeon dans une fosse (elles sont dans la majorité des cas ouvertes). D’ailleurs à Bamako tout le monde sait qu’on ne se met jamais à droite d’une SOTRAMA et d’un taxi, à la vue du bras levé d’un client ils s’arrêtent.

Dernière remarque ? Il y a des policiers partout, à tous les axes, angles, carrefours, tout le temps,  tôt le matin ou tard le soir. Ils ont toujours mailles à repartir avec les taxis, les (infernaux) SOTRAMA et autres voitures personnelles. Ils amendent beaucoup, prennent des sous (ou de billets !) qui partent-ils où ?dans les caisses de l’état  dans leurs poches? Mais quand même  ils sont d’une importance capitale car s’ils n’étaient pas là on se demande ce qui se passerait : le malien n’est pas un exemple en matière de respect de la loi et du code de la route. Les SOTRAMA ne respecteront  jamais le nombre de passagers règlementaire, les taximen ne payeront pas les taxes comme il faudrait, déjà peu de personnes portent le casque quand ils sont sur une moto (même les policiers sensés le faire respecter), encore moins mettent la ceinture pour conduire leur voiture, ce n’est pas ici qu’on parlerait de siège pour enfant…

Et ici on klaxonne même la nuit sinon quelqu’un est toujours prêt à vous rentrer dedans soi-disant qu’il fait nuit et qu’il ne vous a pas vu.

Le Mali est un pays particulier !


A Tombouctou, les femmes se déshabillent pour protester contre les islamistes

L’histoire serait rocambolesque, presque drôle si ce n’était sous un décor bien triste: Depuis le 31 mars 2012, la ville de Tombouctou est sous le joug des islamistes qui ont pris la place de l’Etat après le « repli stratégique » des militaires maliens. Les premières victimes de cette occupation sont les femmes, qui jusque-là libres sont obligées de se voiler encore plus (car le voile elles le portent à cause du vent et du sable).

La police islamique d’ANESARDINE n’hésite pas à fouetter des femmes en plein rue ou à  les poursuivre dans les ruelles de la vieille ville, entrant jusque dans les vestibules… Aujourd’hui les femmes ont décidé de révolter en se déshabillant d’abord  et en marchant vers la police islamique.

Ce n’est pas la centaine de femmes qui ont marché vers l’ancien bâtiment de la BMS qui se s’est déshabillée, mais seulement trois vieilles femmes qui ont exprimé leur ras-le-bol : il s’agit des vieilles femmes touaregs qui vendent leur poisson au marché de Yoboutao, qui comme toute poissonnière respectable ne lésinent pas sur les insultes (je ne vais jamais seule acheter le poisson à cause de leur habitude à blaguer et à insulter facilement et sans raison).

Comme à leur accoutumé maintenant, une patrouille de la police islamique composée de deux hommes faisait sa ronde quotidienne au marché, à la chasse aux femmes mal-habillées.  Ayant dépassé la partie des vendeuses de légumes, kalachnikovs aux les épaules, ils se sont dirigées vers trois vieilles femmes vendeuses de poissons, bien couvertes. Ils leur ont dit qu’elles n’étaient pas habillées comme le voulait la charia. Les femmes entrèrent dans une colère noire et enlevèrent tout ce qu’elles avaient comme vêtements en leur criant qu’elles en avaient marre d’eux et de leur charia !

Surpris? Abasourdis? Dépassés? Paniqués? Je ne sais quel verbe utiliser mais je sais quand même qu’ils sont resté ébahis une bonne dizaine de minutes à voir ces vieilles femmes nues qui entraînèrent toutes les femmes avec elles pour une marche de protestation vers les locaux de la police qui ne sont pas loin du marché, avant de tirer en l’air pour alerter la base qui encercla rapidement le marché.

Elles furent dispersées par des coups de feux en l’air, pendant que quatre ont été arrêtées (pour connaitre la raison de leur colère, prétend ANSARDINE). Comme elles refusèrent de parler sous cette contrainte contre laquelle elles protestent, elles furent libérées et c’est une autre du nom de Tina, habitante de Bellafarandi (un quartier de Tombouctou) qui expliqua tout le ressenti des femmes qui ne veulent plus voir ces étrangers les déranger pour cette histoire de charia.  « Nous étions musulmanes avant que leurs mères n’accouchent de ces m… que nous ne connaissons même pas, même leur chef Mohamed Moussa n’est qu’un coureur de jupons ! »

A la tombée de la nuit , la ville des 333 saints est plongée dans le noir(délestage oblige) mais le cœur apaisé, enfin une réaction, peut-être de l’espoir ?


Bamako ou Tombouctou?

J’avais un sujet bien choisi pour ce billet  et je me voyais déjà en train d’écrire le titre : aucun motocycliste ne porte  un casque au mali  en me demandant comment j’allais imprimer la centaine de photos que j’ai prise dans la journée du 1er octobre sensée être la date buttoir d’application obligatoire de l’ordonnance n’eut  été la levée de la mesure mais quand je lis cette nouvelle : https://www.romandie.com/news/n/_ALERTE___Nord_du_Mali_un_homme_accuse_de_meurtre_execute_a_Tombouctou_61021020122042.asp?

Les choses se corsent. Il faut faire quelque chose pour ces personnes qui sont coincés à Tombouctou avec ces quasi-fous ! Des questions se bousculent à ma tête mais une seule domine et je me propose de poser la question : Est-ce que la charia peut permettre une telle ignominie ? les prochains thèmes sont tous trouvés alors…

 


La faute aux enseignants

« Madame vous qui êtes les enseignants d’ECM ne faites plus votre travail »c’est par  avec cette phrase accusatrice  et bien agressive que ma voisine m’a accueilli ce matin.

Et pourtant c’est une douce vieille dame, enseignante à la retraite, parlant correctement français et s’occupant maintenant de suivre ses petits-enfants.

Ne devrais-je même ne pas être offensée de part mon statut d’LMPologue ( spécialiste de LMP législation scolaire et morale professionnelle)? Non je ne le suis pas car en fait je partage largement  l’avis de Tanti. Mais je lui tendis une oreille attentive,  les explications ne peuvent que suivre.

Elle poursuivit de plus belle : «  les enseignants de maintenant se contentent de faire recopier les leçons de morale aux enfants sans leur expliquer leurs signification ni même leur portée Titty (c’est mon petit) ; ma petite-fille aicha a appris sa première leçon de morale hier soir, écoute-là et tu verras que je ne mens pas ! »

La fillette classe de 6ème année(CM2) se met à réciter mécaniquement une leçon ayant pour thème les armoiries de la république du Mali, l’hymne national, la devise, la signification des couleurs du drapeau « …le vert représente la verdure, le jaune  la richesse minière et le rouge signifie le sang des martyres et la défense de la patrie » sa grand-mère l’arrêta à ce niveau pour m’interpeller :

–          C’est cette signification que  vous n’expliquez  plus bien aux enfants, en plus le sens du sang est perdu depuis le 26 mars quand les enfants sont sortis avec seulement des lance-pierres contre l’armée de Moussa(Traoré) pour se battre pour réclamer la liberté et leurs mères sont sorties mains nues pour défendre leurs enfants. Maintenant même les enfants ne veulent pas se battre pour la nation.  Maintenant les militaires sont prêts à fuir dès qu’ils entendent parler des rebelles parce que leurs instituteurs ne leur ont pas mis le cœur pour se battre. « ko mali yè kélun yè wa a tè kila »dit la devise mais quel est le constat ? le mali est partagé en deux ou même trois maintenant chaque politicien voulant sa part en plus de celle des barbus.

Le plus étonnant est mon silence, toute personne me connaissant aurait trouvé cela très bizarre, mais je ne voulais pas perdre une seule bride de ce coup de gueule de ma voisine, mon cerveau était encore un peu enroué par le sommeil.