Vivre à Tombouctou…c’est habiter le bout de la terre pour ceux qui sont à l’autre bout de la terre pour nous aussi qui y vivons.
Vivre à Tombouctou….c’est habiter une ville perdue dans le désert, où il n’y a ni eau ni électricité, pour ceux qui non seulement habitent loin, mais sont aussi amis avec les vendeurs d’illusions, ceux qui ont pris les armes pour réclamer l’indépendance. Comme si l’indépendance amènerait l’eau et l’électricité dès son obtention, comme par magie.
Vivre à Tombouctou… c’est passer son temps à avoir peur pour les siens, les amis, les villageois des alentours qui sont obligés de prendre les chemins tortueux du désert vers Tombouctou afin d’écouler leurs denrées. Ils risquent à chaque recoin de se faire dépouiller de leurs biens et même des simples téléphones chinois par leurs prétendus libérateurs.
Vivre à Tombouctou… c’est toujours hésiter avant de dire de t’envoyer des mangues de Bamako, car les indépendantistes s’attaquent surtout aux colis de mangues quand ils braquent les camions de transport qui quittent le sud. Bon, il faut dire que tout bon malien du nord (le citoyen lambda ou le voleur caché sous les dunes) adore les mangues!
Vivre à Tombouctou…c’est certainement être un mort vivant pour ceux qui n’y sont pas et savent que vous luttez contre leur projet !
Mais sachez que vivre à Tombouctou… c’est vivre dans un havre de paix malgré tout ça, car ton amour pour la ville t’apaise! Son mystère te transforme: demandez des exemples à Salem Ould Elhadj, l’historien de Tombouctou qui y vit, il te contera l’histoire de ses saints, des miracles de cette ville…Peut-être te parlera-t-il de mon grand-père, Alpha Bocar, ce marabout aveugle qui écrivait et lisait le coran pas en braille hein !
Commentaires