Une tomboctienne à Dakar

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La formation de Dakar est le sommet à atteindre pour tout Mondoblogueur qui se respecte. Elle a été  annoncée depuis longtemps. dès le début de l’aventure chacun affute son couteau –je veux dire sa plume- pour être du voyage au bout de six mois de formation à distance, améliorant leur blog de jour en jour.

MONDOBLOG ressemble pour moi à un rallye Tombouctou-Dakar. J’ai eu un malin plaisir à remplacer la ville de Paris  – qui abrite RFI, à l’initiative de cette plate-forme – par ma ville natale Tombouctou. Tombouctou était une escale de ce rallye célèbre qui d’ailleurs a fait l’objet d’un article sur mon blog, intitlué « Après le Paris-Dakar, le festival s’exile au désert ».

Une rue de Tombouctou
Une rue de Tombouctou. Crédit photo Faty

TOMBOUCTOU… mon point de départ dans la vie et dans Mondoblog

Je ne peux me lasser d’écrire le nom de ma vie natale sur mon blog que j’aurais bien pu appeler « Tombouctou, ma bien-aimée » si j’avais l’âme d’une poétesse. Bon ben ! Je ne suis qu’une blogueuse qui utilise le web, MONDOBLOG, pour faire de l’activisme militant, au féminin s’il vous plait. Mon circuit est ouvert comme le rallye Paris-Dakar, mais je n’ai pas pu avoir le plaisir de choisir les étapes de mon parcours.

Parmi ces étapes, j’évoque Bamako, la capitale du Mali qui m’a accueillie – et qui d’ailleurs continue de m’accueillir même si je fais la fine bouche. La vie à Bamako n’est pas facile pour qui est habitué au train-train de Tombouctou. Bamako a été surprenante, mais elle est décisive. Toutes les affaires s’y traite dit-on à Bamako, mais tout genre de choses s’y passe. Et là, maintenant je suis à Dakar [ndlr : ce billet a été rédigé durant la formation #MondoblogDakar, qui s’est tenue du 6 au 14 avril dans la capitale du Sénégal], mais mon esprit reste focalisé sur la situation politique dans la capitale.

Je crois que Bamako résume le Mali. Rien ne se passera à Bamako qui me surprendra. Un article sur le site malijet.com sur une probable démission du premier ministre Django Sissoko ? Je me dis : « Tant qu’on ne lui fait pas conjuguer le verbe démissionner à la forme pronominale, c’est bon ». Mais heureusement ce n’est que feu de paille.

Une rue de Bamako; crédit photo Faty
Une rue de Bamako; crédit photo Faty

Première étape : BAMAKO

Quand on se hasarde à me lire, on comprendra aisément que je ne me plais pas à Bamako. Ce n’est pas parce que je ne l’aime pas. Non ! J’y ai vécu pendant la longue période où j’étais une étudiante désœuvrée, désenchantée de voir que son pays si aimé du Niger ne lui offrait pas grand-chose. Pire, je n’ai pu comprendre le fait de n’avoir pas droit à la bourse nationale, parce que j’étais malienne de l’extérieur. Cela m’a révoltée. Je ne peux me dire indignée, car le concept de Stéphane Hessel est bien récent.

Mais bon ! Encore ! On ne peut vivre que sa vie – ouille ! J’allais mettre un T, pour un prof de français c’est grave, mais j’ai tellement peur que mes élèves me contaminent avec toutes leurs fautes. Je ne blogue que ce que je vis : la vie d’une femme , malienne, enseignante, ressortissante d’une ville célèbre victime de son renom, qui a été prise pour cible par des pseudo-djihadistes qui n’ont pas hésité à raser leurs barbes et à s’habiller en femmes, mais qui prennent la poudre d’escampette face à l’intervention des rafales de l’armée française.

Donc je ne remercie pas Bamako, ni d’ailleurs les autres villes du Mali de m’avoir accueillie –moi et tous les autres de Gao, Kida – quand ils fuyaient l’oppression et non parce qu’effrayés par les barbus. Je ne dirai pas qu’ils sont aussi des pseudo-barbus, ni d’ailleurs qu’ils ont des pseudo-barbes car c’est le nom de Djihadistes qu’ils usurpent que je dénonce. Le Djihad est terminé il y a bel lurette les amis.

Ces gens, qui sont pas des Maliens –soit dit en passant – ne défendent en aucune manière l’islam, car je voudrais bien savoir où la charia (la loi islamique) dit de fouetter des femmes au gré des son humeur et de la couleur de sa peau – heureusement je ne me rabaisserai jamais à leur niveau de bêtise.

L’islam est une religion de partage, la ville de Tombouctou est une ville qui a accueillie les savants du monde entier dans ses universités. On y enseignait aussi bien la théologie que la poésie, la grammaire, l’astrologie. Ils n’ont pas réussi à nous enlever cela même s’ils ont cassé nos monuments, détruit des mausolées, brulé des manuscrits si précieux pour le monde entier. Ce sont eux qui nuisent à cette religion et agissent de façon à ce qu’il soit synonyme de terrorisme. Un refuge que je m’efforce de rendre militant à Bamako. Je vois bien des Tombouctiennes comme moi se précipiter dans tous les sens quand il y a des dons et autres événement hautement médiatisés, dans le but de les montrer comme des bêtes de foire au journal. Ce n’est pas pour les snober mais c’est trop peu pour moi. Je suis bien enseignante, pas commerçante import-export, et blogueuse. Le premier métier n’est pas chèrement payé de la contré d’où je viens et le second je le conçois comme un acte citoyen : militantisme à outrance et féminisme positif. Coté monnaie trébuchante, beaucoup parmi les 51 Mondoblogueurs présents avec moi à Dakar pourront en attester, le blog ne nourrit pas son homme – je devrais dire sa femme car certains blogueurs en tirent quelques avantages fugaces, suivez-mon regard…port de Dakar

Dakar… deuxième étape.

La ville m’a fort étonnée par la fraicheur de son climat, le vent fort qui y souffle – on dirait Tombouctou en janvier – mais aussi le style vestimentaires des femmes. Je les ai trouvées si belles, habillées de leurs belles peaux noirs, mêmes si je les ai trouvées modernes dans leur habillements.

Nous mangions au restaurant de l’université et lorsque nous nous y rendions, maintes fois nous avions à marcher. J’avoue que je n’ai pas arrêté de me plaindre car n’aimant le sport qu’à la télé. Je me permets de trainer les pieds, Pierrick de Morel me dit à l’oreille : « Allez Faty, on y va ».

Les femmes du Sénégal sont bien différentes des /aliennes concernant la dépigmentation. Je sais qu’à un moment, on parlait d’une grande présence du phénomène au Sénégal. Mais j’étais heureuse de constater que ce n’est plus la mode à Dakar. Elles sont différentes des Bamakoises qui t’empêchent de respirer dans la SOTRAMA (minicar utilisé pour le transport commun de couleur verte à Bamako). Elles sont élégantes, noires ébènes, portent le plus souvent des pantalons –envie de liberté ? – ont des coiffures extravagantes qui rappellent des tignasses faites de mèches dans la plupart du temps longues. Et puis, ceci ne m’a pas étonnée : la Dakaroise sent bon. Hum. Cette odeur ne pourrait qu’attirer les hommes comme le sucre attire les mouches. Ils tombent à leurs pieds. Elles sont coquettes. Certainement. Elles sont captivantes. Tout homme ne peut que tomber dans leur filet et elles parlent en Wolof, rapidement partout dans la rue. Je m’y suis bien promené avec mon binôme Alou Badra Coulibaly – ou c’est  Badra Alou, moi je trouve que c’est la même chose, mais lui non ! – à la recherche de renseignement pour son article sur la capitalie sénégalaise que vous ne manquerez de lire sur son blog. Dakar m’a plu, c’est sûr, même si je n’aimerai pas m’y éterniser car j’ai bien envie de retourner dans mon Maliba (le grand Mali).

Pour écrire ce billet, l’inspiration n’est pas venue tôt. Nous, Mondoblogueurs maliens sommes arrivés samedi et pas tellement fatigués. Nous avons essuyés quelques frayeurs avec ce petit avion d’une compagnie sénégalaise. Mais nous étions si contents d’être du voyage malgré l’absence de Boukary Konaté, un des nôtres – pour rester dans le registre nationaliste de nos amis ivoiriens qui portaient tous le maillot de l’équipe nationale de Côte d’Ivoire sans se connaitre.

La joie est revenue bien tôt. Mon bilan ? Positif. J’ai pu faire mes dédicaces à ceux qui étaient mes petits-frères sans avoir à faire un billet et ce billet est dédicacé à celui qui je m’attendais à trouver sur les lieux, Osman Jérôme, car venant de plus loin, Haïti. « Mais malheureusement il a eu des malheurs en dernier temps et n’a pas pu venir », m’a dit Wilney, l’autre Haïtien de la formation.

Dakar est une ville qui m’a fort impressionnée. Il y a cette mer qui nous accompagne dans tous nos déplacements. Je la trouve belle. Jean-Michel et Mylène la trouvent bien sale ici. Marron. Moi pas. Je ne connais pas trop la mer. Moi, mon dada c’est le désert. Le soir quand on rentre, une grande foule fait du sport sur la plage. Sur le sable, le vent dans les cheveux. Cela me rappelle beaucoup Bamako, Lafiabougou mon quartier quand j’étais étudiante.

Dakar est aussi une ville spirituelle. L’islam est partout. Dans les rues, dans l’architecture, dans la langue principale – le wolof – qui est ponctué de mots arabes que j’arrive à saisir au vol. Les mosquées aussi sont très présentes. Je suis presque heureuse de les entendre à l’aube, comme à Bamako. Je trouve la voix du muezzin très belle, mélodieuse même si différente. Comment est Dakar pendant le ramadan ? Je me suis posée la question.

Certains Dakarois ont des scooters qui m’ont beaucoup plu. Ce n’est pas comme les djakartas de Bamako qui sont infernales. Leur scooters sont si beaux, élégants que je suis prise d’une envie folle d’en avoir. je me demande si c’est possible d’échanger le téléphone intelligent qui nous a été remis lors de la formation par un scooter. Non. Pas possible. En plus les réparateurs de moto de Bamako ne connaissent que la Djakarta. Les pièces de rechanges aussi ne sont pas facile à avoir là-bas m’indique David Kpelly (mondoblogueur de la première saison que j’appelle affectueusement notre coach malien car togolais basé au Mali).

Les rues de Dakar m’ont fort impressionnée. Elles permettent au visiteur d’avoir une idée sur la tempête qui a failli emporter la capitale sénégalaise lors des élections passées. Mon ami et frère Serge Katemkera a bien analysé cette thématique dans un article que je vous recommande de lire. Ci et là des déclarations qui étonnerai le visiteur : Macky féticheur, Faxas…

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Tag contre Macky Sall. crédit (Crédit Photo Serge Katembera)

Quand est-il de la formation ? Des 50 autres mondoblogueurs ? Je vous donne rendez-vous dans mon prochain billet que je rédigerai bien au chaud, à Bamako.

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Auteur·e

faty

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