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Maliens, indignez-vous!

  toutes à piedsEnfin les maliens réagissent…

Il était temps…

Je ne devrais pas me réjouir de la situation que notre capitale Bamako a connu en ce jour  vingt-cinq 25 mars 2013 –la veille du 26 mars, jour si important dans l’histoire du Mali, contrairement au 22 mars que certains faux-cul ont osé fêter aussi !- aujourd’hui aussi ça a bougé à Bamako ; comme le dix janvier dernier.

Les raisons  de cette indignation à la malienne ?

Mes lecteurs savent que j’ai fait venir ma moto de Tombouctou pour échapper à la fatigue et au cercle infernal des sotramas qui non seulement te dépouillent de tes sous , mais en plus te fait perdre un temps précieux –sans oublier le nombre d’habits que leur bancs déchirent quand ce n’est pas la rouillent qui les teintent- et il ne faut pas oublier la mauvaise humeur quotidienne des apprentis –chauffeurs – qui en réalité sont là plus pour prendre l’argent des clients et rendre la monnaie que pour apprendre à conduire. Quand a lieu cet apprentissage alors que  ces voitures infernales, de couleur verte sillonnent Bamako toute la journée  et les chauffeurs ne pensent qu’au   nombre d’aller-retour possible dans la journée.

Hier, 24 mars, sans crier gare, le syndicat des transporteurs urbains et périurbains a procédé à une augmentation de 35% sur le prix de transport. Ceci a mis la population dans une colère noire.

Ayant voulu accompagner une amie chez le tailleur, nous partîmes à pieds –donc  obligées d’emprunter une sotrama.  Avant que nous atteignons le goudron où elles passent, elle m’appris qu’elle venait de la ville et qu’il y a eu une véritable bagarre entre l’apprentis et les clients qui étaient mécontents de l’augmentation de 50 F CFA sur le prix du transport, ainsi, au lieu de payer 150 F ; c’est devenu 200 F « binani » en bambara.

Le chauffeur s’arrête comme il en a l’habitude pour chercher des clients car la voiture n’est pas remplie ? Les clients rouspètent : « hey prenti ! Nous ne pouvons plus accepter vos choses-là en payant binani. Binani ka tchan o ma dè ! « 200 F est trop pour cela hein ! » les clients  mécontents à en démordre avec les apprentis qui pour une fois en ont oublié leur impolitesse légendaire et leurs réponses cinglantes dont ils ont le secret. Quand l’apprenti a voulu ouvrir la bouche pour répondre, un vieillard installé juste à côté de lui pris la main et lui dit : « mon fils, fais attention, si tu te permets de réagir comme d’habitudes, ces clients sont si mécontents qu’ils vont te lyncher. Soit silencieux et contente toi de prendre l’argent. »

« Mais Hida –c’est le nom de mon amie-nous ne partons qu’au Djakarta terrain, ce n’est pas binani quand même ? » «  Si,  ils disent binani carré kun ni carré Kun, 200 F même si c’est pour parcourir une rue ». C’est le discours que nous tint l’apprenti de la première sotrama qui s’arrêta.  Après négociation il accepta de nous amener à 150 F alors que c’était 100 F avant.

Aujourd’hui, la colère a atteint son paroxysme, car des jeunes gens –encore l’AEEM ? Je ne crois pas-ont fait descendre les clients sotramas, refusant cette augmentation  qui  est celle de trop.

En effet, depuis le 22 mars dernier, date du coup d’état malheureux qui a fait vaciller notre pays dans des jours plus que noirs  et permis a aux groupes des terroristes et de narcotrafiquants de prendre le contrôle du grand nord malien, les maliens ont accepté des augmentations sur des produits sans broncher : le prix du gaz butane a connu une hausse de 1500 F, l’essence, le pain…et quoi encore ? Le transport. Trop c’est trop ! Stop –cela me rappelle un livre lu dans le passé «  trop c’est trop, un homme enceinte » qui en est l’auteur ?-.  Le résultat est bien amer : pneus brulés, vitres cassés, apprentis et chauffeurs agressés et pas de recette pour la journée. Heureux les propriétaires de voitures et de motos, car les usagers habituels des voitures vertes  parcoururent ces longues distances qui séparent les quartiers périphériques du centre-ville. Que de femmes marchant avec peine, sous le soleil, traversant les ponts. Je pris la photo d’une très en fâchée, qui s’attaqua à une sotrama vide qui passait  « hassidi nounou, aw bafè ka an bosso dè , ces hypocrites, vous voulez nous dépecer ! »

En rédigeant le billet, je prêtais oreille au journal de la télé malienne que je n’affectionne pas particulièrement, reprochant à ces journalistes  morts, tués par leur absence d’engagement et leur acquiescement perpétuel envers le pouvoir.  Après un petit reportage montrant des pneus calciné et des voitures vertes passant vides,  la présentatrice annonça un communiqué du Gouvernement consécutif à une rencontre des ministres  concernés par l’affaire (finance, transport, économie) avec le conseil des chargeurs du Mali et  le syndicat des transporteurs pour reconnaitre que les raisons de l’augmentation sont bien justifiées mais leur demande d’y sursoir en attendant la fin des discussions qui sont ainsi engagées.

« Oh le MALI ! Me dis-je. Je suis certaine que cette augmentation prendra bien effet et que cette indignation n’est qu’à la mesure de cette journée.  Ils donnent juste le temps aux gens de se calmer. »

POURTANT, IL NE FAUT PAS QUE NOUS NOUS CALMIONS. INDIGNONS –NOUS, REAGISSONS ENFIN !

meme pas un taxi

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Auteur·e

faty

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