Mali-Afrique du sud, le film de la rencontre, vu du Mali

Quelle journée  pour les maliens!

Après toutes les émotions dues à la visite de François Hollande, les discours de Dioncounda Traoré –qui est en train de se frayer un chemin dans le cœur des maliens, d’ailleurs j’avais la sensation qu’il répondait à la lettre ouverte que je lui avais adressé quand il délivré le message qu’il n’a pu lire à Tombouctou ; heureusement que mon cœur n’est plus à prendre sinon j’en tomberai amoureuse héhé-nous voici au match  opposant notre Maliba au sud-af-pour parler comme Papa Omar Diop –un journaliste sportif malien-

J’espère que nos joueurs sont en symbiose avec nous, aujourd’hui plus que jamais le Mali a besoin d’une victoire. Pas de panafricanisme qui tienne , c’est vrai la cedeao soutient le Mali, oui Zuma-le président de l’Afrique du sud -approuve l’opération SERVAL- il faut que le Mali gagne pour que la joie  touche son paroxysme à Bamako, Sikasso, Koulikoro, Kayes, Mopti, Gao , Tombouctou et même Kidal- pourquoi pas, les gens disent que c’est dans cette région que ce trouvent les rebelles, mais je suis sure que ce sont des maliens qui ne pourront que supporter l’équipe nationale-

Le coup d’envoi est donné une quinzaine de minutes après la retransmission du dépôt de gerbe de François Hollande et Dioncounda Traoré à la place de l’indépendance.

Les deux premières minutes, l’équipe malienne est plutôt fébrile  je trouve qu’elle subit  est mal rentrée dans le match « calmez-vous les gars, nous pouvons gagner » criais-je. Elle n’arrive pas à faire sortir la balle proprement le ballon. Les sud-africains semblent  galvanisés par je ne sais quoi-ont-il  reçu la visite de Madiba ?, me demandais-je, non Nelson Mandela est malade, s’il était venu on la presse en parlerai –

Quatrième minute, première frappe des bafana-bafana. Mon cœur bondit. Heureusement une jambe malienne la contre. L’Afrique du sud donne un rythme soutenu à la partie. Première alerte sur un plongeon- même pas joli- dans la surface de réparation malienne, l’arbitre ne réagit pas, heureusement !- on a beaucoup à reprocher aux arbitres dans cette CAN, surtout du côté malien quand on se rappelle des matches Mali-Ghana, cote d’Ivoire-Togo, Togo-Tunisie et même Ghana-Cap-Vert de tout l’heure, tronqués par des arbitrages plus que bidons-on est tranquille de ce côté aujourd’hui on dirait!

Samba Diakité se bat bien au milieu de terrain. Il a raison ; il faut s’y  imposer pour gagner la partie. Moins de dix minutes de jeux et un choc aérien entre ce dernier et Masilela  l’oblige à sortir- je l’interprétai comme un mauvais signe-

Pendant les quinze premières minutes, l’Afrique du sud domina. Les maliens perdent facilement la balle  et n’arrive pas à construire, mais ils défendent bien, on en remarque les défenseurs Tamboura,Police-Adama Coulibaly- et le gardien  Soumaïla Diakité, qui est bien meilleur au gardien titulaire –ce n’est pas seulement mon avis –se font remarquer.

Première occasion malienne avec une excursion de Sow sur le côté : je vois une faute du défenseur sud-africain, l’arbitre siffle un corner alors que c’est le malien qui a fait sortir la balle : pas grave c’est une occasion de but quand même. Elle ne donne rien.  Les maliens sont grands, il y a des joueurs bons de la tête comme Modibo Maïga. Je ne comprends rien. Qu’est-ce qu’ils ont nos joueurs ? Que Dieu nous aide  me dis-je.

Le bruit des vouvouzela –j’ai du mal à écrire ce mot, même ne tant que professeur de français-commencent à me donner des maux de tête  « il faudra interdire ce truc, ou ne plus rien organiser une compétition en Afrique du sud » pensais-je « non, sois fair-play et oublie ça ! »

L’Afrique du sud dominante donne une passe à la FC Barcelone pour déclencher un tir dans la surface de réparation malienne, le gardien de but malien a bien raison de s’en prendre à ses défenseurs une fois le tir stoppé !Le premier carton jaune de la partie a été récolté par Khumalo –il me rappelle docteur Khumalo, qui jouait dans l’équipe d’Afrique du Sud que le Mali avait battu 2-0 il y onze ans-

Sigamary Diarra remplace Samba Diakité qui n’a pu récupérer de son coup de tête. Il est si précieux au milieu. J’ai peur pour le mali que je ne reconnais même plus dans le jeu. C’était une équipe qui gardait beaucoup la balle dans ses premières confrontations, aujourd’hui, elle est poussive.  Sa première occasion ne survint qu’à la vingt-huitième minute avec un tir de l’infatigable Tamboura le latéral qui est au four et au moulin.

Sur un coup-franc malien vaillamment sorti par le goal sud-africain qui lance une contre-attaque, l’Afrique du sud ouvrit le score. Bien sur deux joueurs se sont percutés sur l’action et sont restés allongés sur le gazon à l’approche de la surface de réparation, mais il faut être réaliste : la domination est flagrante et les joueurs maliens n’ont pas arrêté de jouer. Rien à reprocher à l’arbitre.

Peut-être mon équipe réagira-t-elle à ce but et sortira-t-elle de sa torpeur ? En tout cas l’Afrique du Sud continue à garder le monopole de la balle. « C’est la catastrophe s’ils marque un second but ».

La quarantième minute arriva sans aucune réaction de la part des maliens, le joueur sud-africain Rantie sortit aussi sur blessure et fut remplacé par Majoro. J’interprétai cela aussi comme un autre signe : nous allons égaliser.  S’en suit une belle action de Fousseini Diawara , l’autre latéral du Mali  qui fut envoyé dans les nuages par Modibo Maïga, tout Bamako cria :hééééééééééé. Tout le mali attend cette égalisation. « S’il faut que nous perdions notre traditionnelle quatrième place-si ce n’est l’année dernière où le mali a pu battre le Ghana-on ne comprendra pas ! ». Pourtant la fin de la première mi-temps fut sifflé sans que les aigles marque.

Je sortis un instant pour prendre la température des autres supporteurs : mes voisins.  J’habite dans ce qu’on appelle celibateruim ici en Afrique, de petits appartements qui partagent une cour commune.  Cette cour représente parfaitement le mali, toutes les ethnies et même l’Afrique y est représentée : le voisin qui se trouve à droite est bambara, celui d’à droite est dogon, celui d’en face est sonraï comme moi, c’est d’ailleurs un collègue de Diré (un cercle de la région de Tombouctou). A l’étage, il y a également trois familles Sonraïs : deux originaires de Tombouctou et une originaire de Gao, une famille de Touaregs qui parlent aussi bien le tamasheq (la langue des Touaregs) au le sonraï, ils sont les seuls blancs de peau. Il y a également une guinéenne et  deux togolais. Tout ce beau monde supporte le Mali. La femme du voisin d’à gauche me lance « C’est vous qui voulez arrêter vos cœur en regardant le mali jouer, nous nous faisons notre cuisine ! » comme s’il était possible de ne pas supporter les aigles. Je préfère rentrer et zapper un peu en attendant que reprenne la mi-temps.

Elle reprit sur les mêmes bases que la première : domination des Bafana-bafana.  Le temps tourne en notre défaveur.

L’égalisation vint à l’improviste. J’avais la tête baissée et griffonnais sur le calepinqui me quittait rarement quand les cris des voisins retentirent. Les portent devinrent des tambours : cinquante-huitième minute et but de Seydou Keita, l’homme providentiel qui a toujours délivré l’équipe malienne dans les compétitions internationales depuis toujours. Pourtant il était discret aujourd’hui. « Ballon tan ma ban folo –le jeu n’est pas fini d’abord » cria la même voisine qui était découragée il y a peu. « Une fille de la famille touareg descendit l’escalier habillé seulement d’un pagne autour de la poitrine en criant « je suis fière de mon équipe », puis elle remonta, comme si elle était descendu juste pour livrer ce message.

Soixante-unième minute, Mamadou Samassa ouvrit trop vite son pied sur un face-à-face avec le goal adverse qui envoya la balle en corner. Bamako cria encore. L’espoir est revenu. Le Mali revient dans le jeu.

La lutte devient hargneuse au milieu de terrain : les numéros douze des deux équipes se marquent à la culotte et même s’accrochent sur une action de la soixante-onzième minute malgré un coup de sifflet énergique de l’arbitre.

Un long coup de fil téléphonique me détacha du match pendant un quart d’heure, mais bof ! Le rythme a baissé. Les deux protagonistes semblent attendre bonnement les prolongations. Cheick Diabaté remplace Samassa pour le Mali. Il a un physique imposant, il est bien ce Cheick, il ne faudra pas qu’il se permette de rater de bon ballons comme contre la RDC. Ce n’est pas le même niveau maintenant.

Pas de repos cette fois-ci, la première mi-temps commença par une  mauvaise simulation de Majoro qui prit un carton jaune.  Ouf ! On a eu des frissons, un penalty est si vite sifflé dans cette CAN ! s’en suit une action malienne bien menée   par Cheick Diabaté qui obtint un coup-franc tiré par le capitaine des aigles ; Seydou Keita.  Ce gardien des Bafana-bafana est impérial, on dirait Oliver Kahn l’ancien gardien  du Bayern de Munich et d’Allemagne.

Mais plus le temps passe, plus les aigles tombent dans une sorte de torpeur.  Le physique ne suit plus. « Allez ! Jouez ! » ; je suis presque soulager de voir la montre tourner sans que le score n’évolue.  Fin de la première mi-temps des prolongations.  Coté Afrique du Sud , Parker se blesse et est remplacé par Tshabalala -j’aime bien son nom, mais ce n’est pas une raison pour marquer contre nous hein !-. Peut-être que je devrai évoquer le beau geste de fair-play de Modibo Maïga qui s’excusa platement en voyant Masilela saigner du nez suite à un coup qu’il lui donné en ratant son drible –bon exemple pour les enfants qui regardent silencieusement la partie-

De la deuxième mi-temps des prolongations ? Rien à signaler, peut-être une main de Furman –le sosie de Lampard- sur un corner. Bon, pas facile à voir pour l’arbitre et pas facile à siffler contre le pays organisateur. « Les gars, il faut marquer un vrai et bon but, c’est mieux ! »

Cent-quinzième minute : on y est, la séance fatidique des tirs aux buts. C’est la chance qui décidera avec une petite touche d’adresse. L’entraineur des sud-africains avait commencé à élaborer sa liste de tireur bien avant le coup de sifflet final, coté malien peut être que la liste est déjà connu. Soumaila Diakité a l’habitude de briller dans l’exercice au Mali. Mais bon, chaque match a sa réalité, voyons ce qu’il nous réserve aujourd’hui, c’est l’occasion de prendre la place de gardien titulaire au farfelu de Samassa qui est suspendu pour cause d’accumulation de carton jaune. Pendant que les capitaines des deux équipes tirent au sort le coté d’où l’on tirera et l’ordre des tirs, les bafana-bafana prient, les maliens encouragent leur gardien ça va des embrassades aux tapes  vigoureuses.

Voilà, nous y sommes. Les deux équipes sont à la lisière de la surface de réparation de la surface , alignés.

Le premier tireur est le dernier entrant coté Afrique du sud : Tshabalala. Il tire  et marque ; contre-pied parfait.

Pour le Mali, c’est aussi le dernier entrant en jeu : Cheick Diabaté. Il marque sereinement.

Pour l’Afrique du Sud, c’est le tour de Furman : arrêt de Soumaïla Diakité. Toute la ville cria. « eh ALLAH !»

Coté malien, c’est à Tamboura de tirer : il marque sans problème

Pour l’Afrique du sud c’est le tour de Mahlangu qui tire : un autre arrêt de Diakité. Les cris redoublent «  ALLAH bè en fè-ALLAH nous aime »

Mahamane Traoré tire  et marque un penalty qui n’est pas à montrer dans les écoles de football. L’essentiel est fait. D’autres cris encore.

Majoro se présente devant Diakité, s’il rate l’histoire se répètera. La tension est grande sur le joueur car il envoya la balle dans les décors. L’histoire se répète. Comme en 2002, Le mali se qualifie  en demi-finale face à l’Afrique du Sud. La fête peut commencer.

Vraiment quelle journée !

 

 

 

 

 

 

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Auteur·e

faty

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