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Lettre ouverte d’une malienne à François Hollande

Soldats français devant l’aéroport de Tombouctou, le 28 janvier 2013.REUTERS/Arnaud Roine/ECPAD/Handout
Soldats français devant l’aéroport de Tombouctou, le 28 janvier 2013.
REUTERS/Arnaud Roine/ECPAD/Handout

 

Mes amis mondoblogueurs, notamment Serge et celui que j’appelle Kaïno, Aphtal , vont se poser des questions sur cette manie que j’ai d’écrire des lettres et surtout à mes adresser à des présidents (sauf celle adressé à Sanogo , mais bon ! celle là n’était pas de moi et que ne ferrai Sanogo pour ce titre !) Hannah ma grande amie, ne sera pas surprise et d’ailleurs, elle me comprend toujours.
D’ailleurs, je suis sure que beaucoup de maliens ont envie de chanter, clamer, slamer –j’ai envie d’écrire poétiser – pour dire écrire un poème pour François Hollande, d’ailleurs mon petit frère l’a fait !- quand ils ne donnent pas son nom à leur enfant ! Je répondrai simplement qu’il n’y a jamais deux sans trois… et la troisième (lettre) vient à point nommée : elle est adressé au nouveau héros des maliens, François Hollande.

Il y a un proverbe sonrai qui dit : « si le pied ne part pas, ma main ne viendra pas… donc me voici en pleine opération de dissection des cœurs –même si je ne suis pas chirurgienne – de maliens pour cette même France que nous – les maliens- détestions il y a si peu.

Monsieur le président

Je vous écris cette lettre en ayant comme aimerais le faire chaque malien pour vous dire merci.

Merci d’avoir prêté oreille non seulement à l’appel du président de mon pays Dioncounda Traoré.
L’intervention de l’armée française aussitôt qu’elle a appris l’envahissement de la ville de Konna par les troupes des terroristes qui osent prendre le pseudonyme de Djihadistes nous a atteint en plein cœur –si je veux parler le français de Bamako- pas comme un coup d’épée asséné par un traître.

Plus aucun malien ne voit plus en la France l’ancien colon qui n’a pas hésité à détruire Kadhafi et à donner des armes aux Touaregs belliqueux pour qu’ils viennent s’en prendre à l’intégrité territoriale même du Mali. Ces derniers n’ont pas hésité à s’allier à des groupes armés qui désirent aussi garder le contrôle du désert pour que prospère leurs trafics. D’ailleurs plus d’un malien a prié pour que vous gagniez les élections qui vous opposait à Sarkozy que nous voyons ici comme le diable en complet trois pièce.

Je ne saurai dire tous les noms d’oiseaux pour qualifier les français, mais plutôt ceux que seuls les griots de mon pays savent trouver pour designer ceux qui ont su rentrer dans l’histoire à travers leur actes de bravoure.

Je ne sais pas si vous le saviez, mais désormais vous êtes un héros pour les maliens, autant que l’est Soundiata Keita- le créateur de l’empire du Mali, Kankan Moussa qui donna une renommée internationale au Mali encore Sonny Aliber le prince songhaï.

Ressortissante de la région de Tombouctou, je ne peux exprimer ce que sentis le 31 avril 2012 quand les terroristes (je ne peux pas utiliser un autre mot) sont entrés à Tombouctou après plus de deux heures de tirs inutiles qui devaient juste mener notre peur à son paroxysme. Et personne pour nous défendre ! De rage ?de l’impuissance ?de la peur ?mais de la détermination aussi : la vie continue.

Les habitants des régions occupées du Mali en ont vu de toutes les couleurs et de tout genre avec ces sauvages qui n’hésitent pas à fouetter -pour mauvais port de voile, pour avoir écouté la musique, regardé une femme de trop ou lui avoir seulement adressé la parole-à emprisonner, à ôter des vies au nom d’une charia que nous ne reconnaissons plus car de confession musulmane. Certains ont pris le chemin de l’exil vers le sud ou d’autres pays voisins, mais chacun garde en lui l’espoir de voir cette situation se dénouer.

Si c’est vous qui mettez fin à toutes les souffrances de ce peuple dispersé, monsieur le président, je vous assure que vous allez surpasser Chirac en popularité à Tombouctou, si une dune porte son nom, vous risquez d’avoir en plus des bénédictions un monument à la place de celle de la flamme de la paix. C’est le plus grand monument de la ville des trois cent trente-trois saints.

Les raisons pour lesquels, vous, votre pays a volé à notre secours ne me préoccupent pas, l’essentiel est la pérennisation de l’existence de mon pays. Bien sûr, au fond je suis un peu honteuse, je ne sais pas si c’est le cas pour mes autres compatriotes, comme ce petit oiseau qui voulut prendre son envol, ne réussit point et revint quémander une ration avec sa maman, mais c’est la vie !il faut du temps au temps

Et la vie continue… elle doit continuer.

Monsieur le président, je vous souhaite longue vie.

Que la lance des ennemis ne vous atteint point.

Que la clémence du Seigneur te soit réservée, à toi et à toute ta famille

Que Dieu de protège de toutes les maladies –c’est la première ennemi de l’homme dit-on en Afrique-

Que Dieu vous préserve encore… et encore.

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Auteur·e

raphaelle

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