Crédit:

L'humour aide en classe

L'habit fait-il le moine ?

Je ne veux pas faire une somme des blagues que j’utilise en classe pour détendre l’atmosphère et empêcher aux élèves de dormir pendant les cours de midi à quatorze heure, mais il y en a que je répète souvent car leur effet est toujours le même sur les élèves. En plus, ces plaisanteries me permettent de quitter l’habit un peu dépassé de l’enseignante stricte et sévère qui cherche à apeurer  ses élèves pour mettre une distance sinon un fossé entre eux.

En fait, quelle que soit la situation, j’adore faire des allusions quand je parle, et comme c’est aussi mon métier je ne me fais pas prier.  J’utilise aussi des proverbes  le long de mes explications  (pour garder mon âme africaine car l’école m’a francisé, dis-je toujours).  Et j’aime déformer certaines expressions. «  A la vie, la mort » dit-on ? Moi je dis toujours « A la vie, pas à la mort ».

Je suis une enseignante moderne (j’espère , en tout cas!) qui aime beaucoup discuter avec ses élèves, et mon humour  y va de son mot.  Psychopédagogue, je suis chargée de cours de français et de LMP (Législation scolaire et Morale professionnelle), la déontologie du métier d’enseignant. Mes plus belles blagues passent en LMP car la caricature  est parfois nécessaire pour animer,  donc  je recommande à mes élèves à apprendre à se tirer à quatre épingles. Une expression qui a le mérite d’attirer leur attention

Quand certains disent : « Quoi ? », je me lance :

« Pensez-vous que vous me prendriez au sérieux  si j’étais habillé comme Rihanna, tôt le matin (les cours commencent à 7h45) et marchant comme un lézard au soleil  en me tortillant entre les rangées ? Si j’avais la tête de Tracy Chapman (c’est l’une de mes artistes préférées) et que je portais le pantalon qui a été cousu avec le tissu qui servirait pour  faire trois grands boubous ? »

Donc je vous en prie, prenez-vous au sérieux. Habillez-vous correctement. Les filles, je ne vous demande pas de porter le voile intégrale, mais d’éviter le style de Madonna (mes élèves ne connaissent pas Madonna car sortantes d’écoles franco-arabes, c’est l’occasion pour se distraire un peu  et je laisse les garçons leur dire de qui il s’agit !) Ma blague infaillible se résume en une phrase : depuis l’avènement de la rébellion  et la frayeur que  les atrocités faits aux soldats maliens à Aguel Hoc a provoqué, ma menace en classe envers ceux qui me contrarient se résume en une phrase que j’aime prononcer en bambara « Né bi kan tigè dè », ou si c’est pour toute la classe « Né bè aw kan tigè kélun kélun » avec un sourire à l’appui,  traduction : « Je vais te décapiter » ou « Je vais vous décapiter un par un ». Ils en rient une bonne minute et on reprend tranquillement le cours de la leçon .

Je plaisante également en classe sur une phrase, non la phrase fétiche que les maliens aimaient (ce n’est plus le cas aujourd’hui) dire pour clamer leur amour pour ATT (celui-là même qui a été chassé du pouvoir par un coup d’ état  le 22  mars, et que la rue malienne accuse d’avoir vendu le pays à son insu) : « ATT en bè sa i nofè » (ATT nous mourons pour toi !) Je ne dis pas je mourais « pour vous » mais « après vous », en remplaçant le n de nofè par un K, cela  donne kofè qui veut dire après.

La classe dit : « Hé madame » et je réponds : « Mais pour que je meurs pour vous il faut que vous mouriez d’abord, donc « aw bè sa » (vous mourrez) et je vous suis ensuite « né bé sa aw kofè » ».

En français, le premier chapitre porte sur l’étude du nom. C’est ma leçon préférée et je sais que même les élèves apprécient beaucoup ce cours. Surtout quand nous étudions le genre du nom.  Je commence  par  donner  la règle principale pour obtenir le féminin des noms. Ensuite on en arrive aux cas particuliers : à ce niveau, je me contente de donner la règle pour former le féminin en se basant sur la terminaison du nom au masculin et je leur dit de donner des exemples qui vont avec la règle.  Un élève-maître m’a donné un exemple que je n’ai pu oublier : un mari au féminin ? une Marie.

Quand le nom est terminé par an, en, et on, on double la dernière consonne et on ajoute e. Il n’y pas eu que des exemples drôles, mais quand même j’ai eu à écrire au tableau : un an féminin une année. Quand j’en arrivai aux noms terminés par eau au masculin – qui faisaient leurs féminins en elle – le premier exemple que j’ai eu c’est un chapeau/une chapelle.

Étiquettes
Partagez

Auteur·e

faty

Commentaires