Alerte à la bombe à Tombouctou

« le courage, ce n’est pas de vivre sans peur. Le courage, c’est d’avoir la peur de sa vie et quand même faire la bonne chose » dit le proverbe et ce dernier va bien avec la situation que nous avons connu à Tombouctou hier.

 

credit photo: Faty
Marché Yoboutao de Tombouctou credit photo: Faty

Tombouctou, jeudi 9 novembre. C’est le quatrième jour de la fête musulmane de l’aid el Adha, communément appelé Tabaski. Après trois jours de fermeture, le marché de Yoboutao, le plus fréquenté de la vieille cité ne connait pas l’affluence de tous les jours pour cause, beaucoup d’entre les marchands sont ressortissants des villages des alentours et ils prennent parfois une semaine avant de revenir leurs stands.

Les gens ayant trop mangé de viande, se dirigent presque systématiquement vers le fond du marché, où se trouvent les vendeuses de poissons. Des femmes acariâtres aux langues acérées qui n’hésitent pas à insulter le client qui se permet de trop rabaisser le prix du poisson qui se marchande encore dans cette partie du Mali. Ce sont les seules qui ont osé se soulever contre la pratique impitoyable de la charia des djihadistes qui ont occupé Tombouctou d’avril 2012 à janvier 2013 ; refusant de porter le voile léger et fort encombrant –pour qui veut être libre de ses gestes-des femmes arabes.

C’est à cet endroit, le marché des poissons qui fut le point de départ d’une panique à Tombouctou : une alerte à la Bombe.

En effet ; c’est une vendeuse qui remarqua un sac noir posé sur une des petites tentes en paille. Il semble rempli. Qui eut l’idée d’appeler le numéro vert de la Minusma ? je sais pas. Mais les casques bleus et des soldats français arrivèrent derechef. Et hop ! le marché est évacué, son accès interdit et les investigations commencent pour la prise en main du colis suspect. Halima, habitante des environs du marché veut déjà partir loin : «  ces djihadistes sont impitoyables, il faudrait partir avant qu’ils ne nous fassent exploser comme ça. » dit –elle , le regard fuyant.

 » la peur est un microscope qui grossit le danger » disait Jean Louis Auguste Commerson dans la petite encyclopédie bouffonne, verité! meme si le proverbe zarma – encore un!- dit « tune nda hinaye baa gandji hawe » littéralement «  vaut mieux se lever tôt que chercher un gris-gris »

Moi je sais que la peur est toujours accompagné d’une avide curiosité chez nous les femmes, il ne fallait pas nous voir scruter les endroits,  l’oreille tendu, alerte à tout entendre.

C’est un sac, de voyage, noir. Il semble rempli. Si c’est une bombe il ne faudrait pas qu’elle explose ici. Déjà la psychose est grande. Plusieurs attentats ont eu lieu à Tombouctou. Des kamikazes se sont fait exploser devant le lycée Mahamane Alassane Haidara de Tombouctou dans faire de victimes. Un autre attentat contre le camp militaire à la voiture piégée avait tué deux civils.

Ce colis, pourrait être les effets d’un de nos malades mentaux, errant , ramassant des débris çà et là comme s’il s’agissait d’un trésor et les gardant dans ce sac qu’il s’est procuré on ne sait comment.

La conclusion est heureuse. Fausse alarme. Il n’y a pas de bombe dans ce sac et le marché peut rouvrir.

Pour rappel, le nord du Mali, dont Tombouctou, a été occupé par plusieurs groupes armés : MNLA, AQMI, ANCARDINE. En outre , les attentats contre les troupes de la mission des nations unis pour la Mali (MINUSMA) sont de plus en plus nombreux, les derniers en date sont celui contre une patrouille du contingent nigérien à Gao et le tir de 7 roquettes sur le camp de la MINUSMA à Kidal qui a tué un casque bleu sénégalais et blessé deux autres.

 

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faty