Il y a exactement une semaine (le dimanche 17 novembre dernier) le Mali perdait un monument de la lutte pour les droits et la liberté des femmes : Sira Diop.
Ce billet rend hommage à une dame qui a pu faire de sa vie un exemple pour chaque malienne….
Née Sakiliba Sissoko, Madame Diop est native de la ville de Ségou – fief des Bambaras- bien qu’elle soit de l’ethnie Kassonké -plutôt basée dans la région de Kayes- est une sortante de l’école des institutrices de Rufisque. Le rang de première lui va comme un gant et a contribué à faire son renom. En effet, Tanti Sira – tout le monde l’appelle ainsi au Mali- fut la première bachelière du Mali, La première lauréate du concours des inspecteurs d’enseignement primaire en 1961, mais aussi la première directrice malienne du prestigieux lycée des jeunes filles de Bamako qu’elle dirigea de main de maitre – sinon de maitresse car elle était une enseignante hors-pair-.
La quinquagénaire était de cette classe de femmes africaines des indépendances qui décidèrent de jouer un rôle dans le développement des jeunes états naissants en mettant sur pieds des organisations féminines non seulement au niveau national mais aussi africain. Comme la guinéenne Jeanne Martin Cissé, Tanti Sira Diop n’a pas ménagé ses efforts pour les droits des femmes africaines en poussant les femmes à s’organiser pour militer dans des associations féminines mais aussi dans les syndicats et les organisations non-gouvernementales. Elle a été membre fondatrice de l’Intersyndicale des femmes travailleuses du Soudan, présidente de l’union des femmes travailleuses du Soudan –UFS-(ancien nom du Mali), présidente du congrès constitutif de l’union des femmes de l’Afrique de l’Ouest (UFAO).
Ainsi, la popularité et le respect pour Sira Diop sont le résultat d’une vie entière consacrée à l’émancipation de la femme. Le féminisme pour elle ne se résume pas à voir en homme l’ennemi usurpateur des droits de la femme, mais elle était plutôt adepte de la complémentarité, pensant que l’éducation de la jeune fille était le meilleur des moyens pour lutter pour l’égalité.
« Ce n’est pas une lutte contre les hommes. Ici, c’est la promotion des femmes » disait-elle avec sa sagesse légendaire. Donc je –et vous certainement- comprends aisément qu’elle ait milité pour la promulgation du code la famille qui a fait tant de remous au Mali en faisant vaciller le pouvoir d’ATT qui le renvoya en relecture à l’Assemblée nationale – je me demande ce que les députés en ont fait sous la menace des talibans de Bamako-. Beaucoup de maliens ne partageaient pas son point de vue sur le sujet en 2009. Par ce code, elle touchait enfin aux buts fixés depuis 1950. Les femmes peuvent enfin échapper aux poids et à l’injustice de certaines traditions.
Bien que musulmane, elle a dénoncé l’islam fondamentaliste qui est en train d’envahir le Mali « Le Mali n’est pas une république islamique ! Je suis pour l’adoption de ce code, qui va permettre à toutes les communautés de se trouver sous une loi commune » disait-elle au journal du Mali en 2007 lors d’une interview sur ce même code de la famille.
C’était une dame de fer qui jouait sur plusieurs tableaux, accumulant les fonctions et provoquant l’admiration de la jeunesse qui jouissait toujours de ses conseils et de son expérience. Toutes les occasions étaient bonnes pour elle pour aider, orienter, soutenir, aimer, donner….
Un CV riche, une notoriété qui dépassait les frontières de son pays natal, toute une vie de lutte, de partage.
Celle qui a été surnommé « le fleuve intarissable » -badjiba djabali en bambara- par la réalisatrice malienne Fatoumata Coulibaly est partie…
Repose en paix !!!
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