Gao, la cité des Askias se reconstruit après le règne du MUJAO

La ville de Gao a connu bien de déboires d’avril 2012 à un passé ressent.

prefecture de GaoC’est la ville du nord qui a le plus souffert de l’occupation des groupes armées. Il ne serait pas honnête de ne pas parler aussi de la conduite peu glorieuse de certains habitants de la ville qui emporté par un élan anarchiste se sont laissés aller au pillage des bâtiments de l’état mais aussi ceux des particuliers sans aucune raison. Le MNLA clame l’Azawad, un état qui n’aura pas besoin d’infrastructures, détruit  écoles et mairies, pille banques et services du Mali.  Leurs citoyens profiteront certainement d’une manne. Mais malheureusement nombreux sont les voleurs et autres bandits de grands chemins qui ont pu accompagner le mouvement et créer un état d’anarchie total jusqu’à l’arrivée des barbus qui ont instauré une forme d’ordre.  «  La charia » disent-ils.

Si, les populations du nord ont pu se sentir abandonné après le sprint vers le sud, quel est le ressentiment de ces familles devenues des cibles sans raison ? Toutes les personnes qui se sont fait dépouiller de leurs engins, frigos, téléviseurs, meubles, peuvent-ils trouver l’envie de revenir sur des lieux où ceux que vous connaissez, ceux que vous soignez, enseignez, servez tous les jours, vous ont agressé de cette manière si ignoble ?

credit photo: Faty
credit photo: Faty

Il y a un mois, je me rendais à l’hôpital pour rendre visite à une jeune sœur pédiatre, bamakoise venue pour une mission d’un mois à Gao. Encore une fois bilan plein de scepticisme.  Comme à Bamako, les enfants souffrent aussi de paludisme surtout.  Une vieille du quartier me demandait si ce n’était pas «  ce nombre excessif d’armes qui les entourent qui  faisait cette épidémie ».  Non, juste trop d’insalubrité.  Aucun service de l’état n’est effectif. Quand la mairie a essayé ne serait-ce que de rétablir la taxe quotidienne de 100 F CFA des marchés, les commerçants ont grogné. Ils ont mêmes grevé une journée, refusant d’ouvrir leurs étales malgré une diminution de 25 FCFA.

Bien sur la marche vers le retour est déjà amorcée. je rencontrais  un médecin de l’hôpital qui garda le sourire aux lèvres malgré mon entrée fort provocatrice :

–          Docteur,  vous  faites  partie des adeptes du repli tactique ou des combattants de la charia ?

–          Non, je fais partie de ceux qui sont rentrés sur ordre des chefs.

–          Haha !!! ok je t’avoue que moi-aussi, docteur.

–          Avez-vous profité d’un soutien de l’état pour votre retour ?

–          Non, c’est l’OMS qui nous a  soutenu sur le plan financier, sinon, l’état n’a rien fait. On nous a bien parlé d’un soutien au retour de 250.000 F CFA (à peu près 380 euro). Certains agents d’autres secteurs l’ont reçu mais pas nous.

–          Je suis enseignante et je peux  vous assurer que nous sommes ensemble dans cette galère. Les enseignants aussi  n’ont pas reçu une peccadille.

–          Oui bon comme ils sont un peu nombreux.

–          Je vois que vous n’en avez plus besoin.

A l’hôpital de Gao, il y a notamment le problème de la gestion qui se pose.

En effet,  pendant le règne de MUJAO,  un personnel médical  d’urgence a été mis sur place. Ce dernier refuse de faire la place aux agents de l’état qui ont replié avec les militaires sur ordre des autorités.

Après l’attaque à la rocket que  la ville a connu, il y a trois jours, je crois que le flux des agents en retour va se calmer, déjà que certains sont prêts à tout pour ne plus revenir.

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Auteur·e

faty

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