28 juillet 2013, jour de vote à Gao

« Don ka djan’ a sebali tè » quelque que soit la longueur de la nuit, le soleil fini toujours par se lever, disent les proverbes du bambara au français.

Les élections présidentielles si clamés et vus comme imposées au Mali malgré les protestations du président par interim Dioncounda Traoré ont lieu aujourd’hui 28 juillet 2013 partout au Mali. C’est à n’en pas croire ses yeux car la partie nord du pays a été longtemps occupée par multiples groupes qui se donnent et s’affilent à l’islam.( laissez-nous en douter).

Ce jour tant attendu m’a trouvée à Gao et me voilà devant; en train de vous conter l’evènement contre vents( réellement hein!  la nature semble s’etre rendue compte qu » il y avait quelque chose à emporter) et coupures d’électricité ( en réalité le terme de coupure ne convient pas à Gao car en fait il n’y a pas d’électricité, c’est parfois qu’il vous arrive d’en avoir et toujours la nuit.)

La campagne m’avait permise de savoir que les femmes allaient jouer un rôle important dans l’évènement vu les abus dont elles ont fait l’objet pendant le joug du MUJAO (qui rime étonnement avec Gao) mais non, fières, elles continuent à porter leur voile;assurément pour démentir certain reportages de l’après libération où on voyait des femmes se dire libres et enlever leur voile.

Des propos d’un délégué de la CENI du  centre du Château, il faut souligner une grande affluence  de la population.   Je ne le démentirai pas. mais j’ai surtout remarqué cela, doublé d’une grande confusion chez les votants.  En effet, beaucoup ne savaient pas vers quel bureau de vote de diriger.

Les populations des régions qui étaient occupées depuis avril 2012 ne recevaient plus la télévision nationale, donc pas d’information concernant le scrutin et la nouvelle carte de vote NINA.  C’est ainsi que  le gardien à qui sa femme expliquait qu’il lui fallait chercher  sa photo parmi les papiers qui étaient collés dans la grande salle et ensuite  choisir la personne de leur choix (il s’agit de la photo d’une personne souriante qui a des lunettes et est placée en première position sur la grande feuille) et de poser une marque sur le côté.  « Mais pourquoi vais-je voter pour la photo de quelqu’un d’autre alors qu’il y ma photo ? Je ne peux pas voter pour moi-même ? »  A-t-il dit pince sans rire.

Baba (c’est son nom) n’est pas seul dans cette position. Nombreux sont les électeurs qui ne pouvaient pas  s’orienter dans le centre du château où je me suis rendue. Pas pour voter. Je vous l’avais dit je pense, je ne figure pas sur la liste de Gao. Mais observer ne me fera point de mal.  Les femmes en mal de renseignement sont assises à même le sol devant la salle d’affichage des listes d’électeurs.

Blogger permet aussi de sentir ce plaisir viscéral d’appartenance à une nation. La vision de tellement de voile dans  cette école pour ce vote m’a fait quelque chose que je vous décrirais difficilement une sorte de nœud au ventre avec une sorte de gout salée à la bouche avec une sorte de joie mêlé à de l’espoir.

J’y suis allée à une heure d’affluence des femmes en ce mot saint du ramadan. Vers 14h.  Une heure où les femmes pouvaient prendre du repos entre le repas des enfants qui ne jeunent pas et le début de la cuisine des nombreux repas pour la rupture du jeûne.

La première vieille que je rencontrai fut la première personne que j’interrogeai :

«  bonjour maman, tu as voté ? »

« bonjour. Non je n’ai pas voté »

« pourquoi ? »

« je ne sais pas où je dois voter »

« Tu as ta carte NINA ? »

« Oui elle est avec moi »

« As-tu voté dans le passé ? »

« Il y a longtemps,  l’année où ou j’ai eu mon dernier enfant j’ai voté pour Alpha Oumar Konaré »

«  Et cette fois-ci ? »

«  Je vais voter pour que Mali sorte des problèmes et qu’on retrouve la paix enfin à Gao et partout dans tout le Mali »

Je l’ai aidé à retrouver sa salle avant de me diriger vers le bureau de vote N°3 où j’apercevais une connaissance faisant le rang : occasion rêvée pour prendre la photo témoin d’une femme  glissant sa feuille dans l’urne.  Il ne me reste que 4% de batterie pour ma wiko, mais j’insistai quand même et eus la photo. Maintenant il me faudra me fier à mes yeux et à mes oreilles.

Je vis des choses pas très catholiques qui se passaient sous un arbre. Mais c’est juste à côté des forces de l’ordre qui étaient plus disciplinés que les gens autour. Arme plantée au sol, le policier de l’entrée semble rêver d’un plat de riz au gras avec son regard vide. L’autre a la tête baissée et est figé. Ce n’est que lorsqu’il interdit  à un enfant qui tenait une grande tasse certainement remplie de nourriture que je compris qu’il était bien vivant.

C’est  aussi  quelque que vous ignorez certainement mais les votes ressemblent à une grande fête pour les maliens… euh je veux dire les maliens qui font de la politique.  Les  partis accompagnent les électeurs jusque dans les bureaux de vote en leur apportant à manger et à boire. C’est à en croire que peu de votants  jeunent car les tasses étaient plutôt grandes.

Une vieille voiture assure le transport des électeurs qui habitent loin. Une voiture blanche surmonté d’une arme porte UN (nations Unis). Un casque bleu se trouve sur le toit.  Que de Délégués et d’observateurs ! S’ils votaient tous, les résultats en changeraient.

Cette fois-ci je vous propose des photos en lieu et place de mon long discours (j’allais dire bavardage, mais s’en est jamais… n’est pas Ibohn ?)

Reste à voir ces résultats qui contiennent l’espoir de tout un peuple.

 Enfin on aura la paix pense-t-on à Gao.

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faty

Commentaires

Limoune
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Merci pour ce témoignage des élections vu de Gao. Les réfugiés dans les pays voisins ont pu voter ?

Faty
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Moi refugiée dans mon propre pays n'ai pas pu voter je me demande si ceux de l'etranger l'ont fait , en tout cas c'est motus et bouche cousue coté autorités